Casseroles et grosse (...)

Casseroles et grosse caisse

Reconnaissons bien volontiers que la presse n’est pas exempte de reproches. Trop futile, trop versatile, trop proche des politiques… Ses défauts sont bien connus, la liste des griefs serait longue et, pour l’essentiel, justifiée. Cela est valable pour l’audiovisuel comme pour l’écrit, pris lui aussi dans une course de vitesse impitoyable à l’information.

Dans le Penelopegate qui agite fébrilement le microcosme (et bien au-delà), elle n’a fait que son job en dévoilant que l’épouse d’un député devenu Premier ministre et aspirant maintenant à la présidence de la République – excusez du peu – a touché beaucoup d’argent public pour un travail dont la matérialité ne saute pas aux yeux.
Sans aller jusqu’à évoquer Zola et l’affaire Dreyfus, la presse qui est rappelons-le l’un des fondements de la démocratie, se doit d’éclairer le public, de "révéler", dans les limites fixées par la loi et dont les principales sont la diffamation et l’atteinte à la vie privée.
Dans le cas présent, ni l’une ni l’autre n’ont été franchies puisqu’il est avéré que Mme Fillon a bien reçu les sommes évoquées paraissant mirobolantes à ceux qui ne vivent que du Smic.
Et, parce que des milliers de jeunes effectuent chaque année des stages dans nos entreprises sans être rémunérés, il ne fallait évidemment pas passer sous silence que deux enfants du candidat, étudiants en droit, ont eu la chance de recevoir pour leur travail l’équivalent du salaire annuel d’un cadre.
Même déplaisante, une vérité doit être dite : la transparence est la règle non-écrite mais morale qui s’impose pour qui brigue une fonction élective.
Aussi Jean-Pierre Raffarin, qui a fait huer les journalistes lors d’un meeting du candidat Les Républicains à Poitiers, n’a t-il pas été bien inspiré. Il a certes obtenu un succès d’estrade facile devant un public de militants convaincus d’avance, mais ce geste venant d’un politique aussi aguerri est nauséabond. Il rappelle d’autres périodes très noires, où l’on désignait à la vindicte des "responsables" pour tous les maux. Il s’est conduit comme le capitaine d’un bateau qui accuserait les récifs d’être les responsables du naufrage...
Politiquement, le Penelopegate coûte cher à François Fillon. Chevalier blanc autoproclamé, l’effet boomerang est dévastateur. Et encore moins dans la presse - qui est moins cruelle en France qu’à l’étranger pour le candidat - que sur les réseaux sociaux qui sont la grosse caisse de résonance de cette élection. Sûr, si Facebook avait existé, la femme de César
aurait dû être encore plus irréprochable...

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