Rire (jaune) pour tenter

Rire (jaune) pour tenter de se consoler...

Le constat est cruel. Il a été rappelé par le président Gérard Perrugini lors de la rentrée solennelle du tribunal de commerce d’Antibes la semaine dernière : par les moyens mis à la disposition de sa justice, la France arrive au 37ème rang de 43 pays, "derrière l’Arménie et l’ Azerbaïdjan". Les petits rires gênés entendus dans la salle montrent le malaise ressenti par ceux qui, à des postes divers, doivent assurer cette fonction régalienne de l’État : assurer l’accès au droit de façon équitable pour tous.

Cela passe évidemment par des moyens financiers. Jean-Jacques Urvoas a beau se parfumer d’avoir porté le budget 2017 de son ministère à 6,9 milliards (+9% selon ses calculs), le compte n’y est toujours pas. Car les retards accumulés depuis tant d’années, et dont droite et gauche sont co-responsables à égalité, ne sauraient s’effacer d’un coup d’éponge, même magique. Songez qu’il y a encore peu le tribunal de Bobigny manquait de ramettes de papiers pour imprimer les jugements... Dans un film des Monty-Python, cela prêterait à sourire. Mais l’on est en France, dans la réalité. C’est triste à pleurer et inquiétant sur le fonctionnement de notre démocratie.
En début d’année, les audiences de rentrée des tribunaux sont autant d’occasions de constater que, dans toutes les juridictions, des postes de magistrats, de greffiers, de personnels de toutes catégories ne sont pas pourvus. Et, parfois, dans des proportions déraisonnables, ce qui explique en grande partie la lenteur de la justice que l’on reproche tant à l’institution, comme si elle voulait laisser traîner les choses alors que ses étagères sont pleines de dossiers en retard.
S’il est plus que jamais nécessaire de faire bouger les lignes, de moderniser nos lois pour assurer la transparence nécessaire au XXIème siècle, il faut aussi prévoir le nerf de la guerre. Pour que les bonnes intentions affichées au moment de l’élaboration du budget se traduisent dans les faits. Les 2 100 créations de postes annoncées par M. Urvoas sont les bienvenues et constituent un effort sans précédent depuis plus de dix ans. Mais dans nos tribunaux les besoins sont toujours criants, et il ne faudrait pas que la prochaine majorité issue des présidentielles s’avise de tailler dans les moyens de la justice en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux...

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