Cannabis thérapeutique :

Cannabis thérapeutique : la porte s’entrouvre pour des essais cliniques

Longtemps réticents, le législateur et avec lui une partie du monde médical ont décidé de tester les effets de la plante sur 3 000 malades. Un premier pas vers une autorisation encadrée ?

"En dernière intention"

Sujet passionnel s’il en est, l’usage thérapeutique du cannabis doit (timidement) être testé à partir de septembre auprès de trois mille patients traités pour des maladies graves. La substance leur sera prescrite "en dernière intention", c’est-à-dire en cas d’échec des autres traitements existants.
Cette expérimentation doit durer deux ans annonce l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Du coffee shop à l’hôpital

Le cannabis à usage médical est déjà autorisé dans une trentaine de pays,
un phénomène qui s’est accéléré depuis une dizaine d’années. Le Canada a pris cette voie dès 2001 pour les maladies lourdes et a autorisé le cannabis
"récréatif" en 2018. Les Pays-Bas sont eux aussi permissifs depuis quarante ans avec les fameux (et fumeux) coffee shops.
Une quarantaine d’états américains, 21 pays de l’UE, des pays d’Amérique du Sud autorisent - avec des nuances - un usage médical.

Vertus reconnues

En décembre 2018, un comité scientifique nommé par l’ANSM a validé la pertinence médicale du cannabis. Une plante à qui sont attribuées des vertus antalgiques, antiépileptiques, antispasmodiques et de décontractant musculaire.

Pas de "joint"

Que ce soit pour le "récréatif" ou le "thérapeutique", la plante est recherchée pour l’un de ses principes actifs appelé tetrahydrocannabinol (THC).
Les députés ont autorisé cette expérimentation à usage strictement médical. Les 3 000 patients testés consommeront du cannabis sous forme d’huile ou de fleurs séchées. Le "joint" a été écarté en raison des effets nocifs de la combustion sur la santé.

Contre la douleur

L’expérimentation est prévue pour être menée dans plusieurs centres hospitaliers en France, dont la Timone à Marseille, dans le service du professeur Blin. Les prescriptions seront effectuées par un médecin spécialiste, notamment pour lutter contre la douleur. Les patients se fourniront en pharmacie hospitalière puis pourront renouveler leurs traitements en pharmacie de ville.

Bientôt cultivé en France ?

La loi française interdit la culture des plants contenant des taux
supérieurs à 0,2% de THC, substance figurant sur la liste des stupéfiants.
En conséquence, les premières expérimentations seront réalisées avec du cannabis importé. Une "réflexion" est menée par le ministère de la Santé et celui de l’Agriculture pour organiser une production française. Le groupe agricole coopératif InVivo a déposé une demande en ce sens auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament.

Toujours des craintes

L’usage du cannabis est loin de faire l’unanimité scientifique.
Certains craignent des effets secondaires et des risques d’addiction, voire un "détournement" de la loi pour un usage récréatif. D’autre considèrent que c’est une opportunité de soulager des malades et que, comme pour d’autres
médications, il ne faut pas s’en priver tant que les bénéfices l’emportent sur les effets indésirables. C’est en tous cas la première fois que la porte s’entrouvre officiellement en France, des patients allant jusqu’à présent à l’étranger pour espérer soulager leurs souffrances.

Photo de une DR

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