Edito - Le temps des (...)

Edito - Le temps des héritiers...

Depuis son petit nuage, le général de Gaulle doit être abasourdi par les derniers événements qui secouent les Républicains. Près de 55 ans après sa disparition, ces derniers continuent à se revendiquer encore et toujours de leur grand homme. Ils invoquent encore ses actions et ses faits d’armes à la tête de la Ve République pour justifier leurs chamailleries. Mais l’on ne discerne plus vraiment aujourd’hui ce qu’il pourrait rester de gaullien chez ces héritiers qui se déchirent.

Charles de Gaulle a été homme d’ordre, bien sûr, on n’en attendait pas moins d’un militaire, mais il ne s’est pas appuyé sur l’extrême droite lorsqu’il fut au pouvoir. Il n’aurait certes pas pu cohabiter du tout, et encore moins dans cette atmosphère de « chienlit » qui serait comique si elle ne montrait au grand jour l’état de délabrement de notre vie publique. Qu’aurait-il choisi en de telles circonstances ? Une dissolution ? C’est déjà fait. Un référendum, mais pourquoi et sur quelle question ? Peut-être un départ vers Colombey-les-Deux-Églises puisque même aux pires moments il ne s’est pas senti l’âme d’un dictateur et que des cabris qui sautent sur leur fauteuil n’entraient pas dans sa conception de la politique.

En voulant atomiser par cette dissolution les partis pour ramener une majorité de Français dans un seul bloc au milieu de l’échiquier accueillant tout à trac des Marcheurs, LR, socialistes, écolos et autres brebis égarées,
Emmanuel Macron a joué avec le feu. On saura le 7 juillet s’il s’est brûlé et a fait entrer le loup dans la bergerie. Sauf revirement de l’opinion, les sondages montrent cependant que la recomposition espérée par l’Élysée est moins centrifuge, tournée vers le cntre, que centripète, expulsant les électeurs vers les extrêmes.

On assiste depuis plusieurs jours à des mobilisations contre le RN : des sportifs et des influenceurs qui descendent dans l’arène, la gauche unie du moins en façade, des magistrats, des patrons, des syndicats, des intellectuels, de simples citoyens etc. Tous, en leurs qualités, estiment que le risque est grand pour le pays en matière de cohésion sociale, d’économie et de démocratie, de confier les rênes de l’État aux représentants d’un parti clivant dont la dédiabolisation réussie ne fait pas table rase ni des excès passés ni d’une part d’ombre noire que les héritiers Marine Le Pen et Jordan Bardella s’appliquent à glisser sous le tapis. Tout le monde n’a pas encore oublié les petites phrases de Jean-Marie Le Pen, son influence sur les militants, sa vision du monde. Ni les revirements de ce parti qui prônait il y a peu la sortie de l’Euro avant de l’abandonner, qui annonce puis repousse le retrait du dossier des retraites, qui promet des réformes dont on sait qu’elles ne pourront être financées qu’au prix d’un accroissement du déficit public.
Quant à la gauche, elle commence déjà à se faire des crocs-en-jambe entre camarades pour savoir qui s’installera à Matignon en cas de victoire, et le camp présidentiel sombre dans une dépression annonciatrice d’un « effacement » probable le 7 juillet au soir...

Les incertitudes sont encore nombreuses, tous les possibles sont envisageables.

Aux électeurs de faire « le bon choix » pour des lendemains qui risquent de ne pas franchement rigoler.

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