Trains : l'ouverture (...)

Trains : l’ouverture à la concurrence est déjà sur les rails...

Transport de passagers : les cartes seront rebattues en 2019 lorsque la SNCF perdra son monopole sur le réseau. Question : les usagers seront-ils gagnants ?

Le 3 décembre 2019

Après le Royaume Uni, l’Allemagne et la Suède notamment, la France se prépare à ouvrir le transport ferroviaire à la concurrence. Elle pourrait intervenir dès le 3 décembre 2019, date officielle du monopole de la SNCF, si tous les acteurs de ce grand chambardement prévu par l’Europe sont prêts, ce qui aujourd’hui n’est pas encore évident...

Proposition de loi en septembre

Louis Nègre, sénateur (LR) des Alpes Maritimes, et son collègue Hervé Maurey
(UDI) préparent pour septembre/octobre une proposition de loi destinée à
"dynamiser le secteur" en partant du principe qu’une saine concurrence permet d’offrir un meilleur service aux usagers et de faire baisser les tarifs, tout en faisant progresser l’opérateur historique. C’est, grosso-modo, ce qui s’est passé dans les pays déjà "ouverts" à la concurrence.

À deux vitesses

Pour les contrats de service public (TER, Intercités), l’État et les Régions qui sont les autorités organisatrices de transport pourront donc lancer les appels d’offres dès décembre 2019 pour une ouverture réelle à la concurrence à partir de 2023. Pour les lignes à grande vitesse, cela ira encore plus vite : à partir de décembre 2020 pour une mise en service en 2021.
Pour le réseau TER, il faudra prendre en compte les conventions en cours signées par les Régions, ce qui devrait allonger les délais.

Des résistances

Mais avant de pouvoir embarquer à bord de trains concurrents de la SNCF,
il reste beaucoup de difficultés à aplanir. La réticence du personnel de la société historique ne sera pas le moindre (la CGT et Sud-Rail n’y sont pas favorables, et c’est un euphémisme). Il faudra là aussi résorber quelques trous abyssaux dans les comptes...

L’État à la rescousse ?

La ministre en charge des transports, Élisabeth Borne, va se pencher sur le modèle économique du TGV, qui fait l’objet d’un déficit structurel d’exploitation et d’une dette énorme pour l’entretien de ses infrastructures. Elle irait jusqu’à envisager la reprise de la dette par l’État comme l’avait déjà envisagé le candidat Macron pendant la campagne des présidentielles.

L’urgence des chiffres

La dette s’élève actuellement à... 44 milliards d’euros. Le président de la SNCF, Guillaume Pépy, a ainsi rappelé la semaine dernière lors d’un colloque que "deux TGV sur trois perdent de l’argent"...

Concurrence loyale

Le président de la SNCF pointe la cherté et la hausse continue des péages payés au gestionnaire de l’infrastructure pour l’utilisation et l’entretien du réseau ferroviaire, Il demande donc pour sa société une remise à plat des conditions d’exploitation comme cela a été pratiqué - avec succès - en Italie pour Trenitalia. En clair : de la concurrence oui, mais à armes égales...

Cap à l’international

Il ne faudrait pas croire qu’avec cette ouverture à la concurrence la SNCF
se fait "manger la laine sur le dos".
La vieille dame a, elle aussi, des dents de loup sur le marché international.
Elle réalise déjà 10 milliards de chiffre d’affaires avec ses filiales, soit un tiers de ses recettes, dans plus d’une centaine de pays. Elle emploie par exemple 20 000 personnes aux États-Unis où elle fait circuler des trains et des bus à Boston, Las Vegas, Washington, ainsi qu’en Allemagne et au Royaume Uni.

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