Damien Martinelli, (...)

Damien Martinelli, nouveau procureur de Nice : le discours de sa méthode

Lors de sa présentation officielle, le nouveau procureur de Nice a exposé sa méthode et ciblé trois fléaux : les violences intrafamiliales, le terrorisme et le trafic de stupéfiants.

« Nos concitoyens ont besoin de comprendre ce que nous faisons »


Le discours était clair et complet. Vendredi 29 septembre, en à peine plus d’un quart d’heure, l’ancien procureur adjoint de Marseille n’a rien oublié. Dans une salle d’audience qui affichait complet, Damien Martinelli a rendu hommage à son prédécesseur, remercié les personnes avec lesquelles il travaille depuis un mois, exposé sa méthode de travail (« indépendance et impartialité ») et présenté ses priorités. Le nouveau procureur de la République de Nice a rendu un hommage appuyé à Xavier Bonhomme, qui a, selon lui, su « développer une réponse judiciaire de qualité dans un contexte souvent délicat, avec le souci de la place du parquet au sein de la cité  ». Il s’est dit « heureux, chanceux et honoré de prendre la suite de ce grand procureur  ».

Jean-Philippe Navarre, l’un des trois procureurs adjoints de Nice, connaît bien Damien Martinelli, avec lequel il a débuté il y a 20 ans à Lille. Il retient du passage de Xavier Bonhomme, désormais procureur général près la Cour d’appel de Nîmes, «  une triple exigence : qualité, transparence et lisibilité  ». Et il ne fait aucun doute pour Jean-Philippe Navarre que Damien Martinelli saura « poursuivre cette triple exigence  ». En quelques semaines, la présidente du Tribunal judiciaire, Pascale Dorion, a déjà pu se rendre compte de son « professionnalisme », de son « dynamisme » et de sa « réactivité ». Damien Martinelli aborde son nouveau poste « avec beaucoup de modestie et d’humilité », tant il a « à apprendre de ce territoire, de ses acteurs et de ses habitants ». Il souhaite inscrire ses actions « avec la volonté de la continuité pour pérenniser tout ce qui a été développé et mis en place ». Il a cité en premier lieu les violences intrafamiliales et la protection de l’enfance. «  Le devoir de protection de la puissance publique, socle de notre pacte social, a bien sûr une dimension spécifique vis-à-vis des plus vulnérables  », a-t-il relevé.

Le nouveau procureur de Nice Damien Martinelli a prononcé un discours clair et complet lors de l’audience solennelle du 29 septembre au TJ de Nice ©S.G

« Souci de la pédagogie »

Il a poursuivi en indiquant que « lutter contre les atteintes au pacte social dans la défense des valeurs de la République est par définition au cœur de la mission du procureur » et que « dans cette ville marquée dans sa chair par le terrorisme, la lutte contre la radicalisation et toutes les formes de séparatisme continuera d’être au centre des priorités du parquet ». « S’il est également un fléau qui déchire lentement et sournoisement le tissu social, c’est bien le trafic de stupéfiants », a-t-il ajouté avant de préciser que si « Nice n’est pas Marseille », «  l’impact du trafic reste le même en termes de santé publique, de volonté de contrôle des personnes et de l’espace public et bien sûr des violences associées, qui peuvent (…) confiner à des formes d’esclavage moderne  ». Après avoir mentionné les atteintes aux personnes et aux biens, dans un contexte de criminalité organisée, ainsi que la lutte contre l’immigration irrégulière, Damien Martinelli a terminé en ayant un mot pour les atteintes à l’environnement, avec un point d’attention particulier sur l’arrière-pays. Pour remplir ses objectifs, il entend que l’action de son parquet soit « réactive, claire et lisible, avec le souci de la pédagogie et de la communication lorsque c’est nécessaire. Nos concitoyens ont besoin de comprendre ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons, il en va de la confiance dans l’autorité judiciaire ». Le nouveau procureur a pris grand soin de n’oublier aucun des acteurs avec lesquels il travaille ou sera amené à travailler : la présidente et les magistrats du siège (évoquant «  la recherche d’un travail harmonieux et dynamique »), le greffe (soulignant « le dévouement dont il fait preuve »), le parquet général, le barreau, l’administration pénitentiaire, les « cadres des forces de sécurité intérieure et de la douane », « les autres acteurs étatiques », le parquet de Grasse (remerciant Damien Savarzeix « pour son accueil et ses conseils ») et enfin « tous les élus  », nombreux pour cette audience d’installation au palais de justice de Nice. «  Je veux redire que je poursuivrai les actions communes engagées et serai un partenaire enthousiaste pour en bâtir de nouvelles dans l’intérêt de nos concitoyens et dans le respect de nos missions et de nos exigences respectives  ».

Les autres magistrats et fonctionnaires installés au TJ de Nice

Au cours de l’audience d’installation de Damien Martinelli, ont également été présentés  : Valérie Charles, 1re vice-présidente ; Caroline Attal, vice-présidente ; Corinne Gilis, vice-présidente ; William Fezas, vice-président ; Laura Granier, juge ; Sandra Polet, juge ; Clémence Martres, juge ; Diana Valat, juge ; Caroline Blasco, vice-procureure ; Carole Laffite, greffière ; Marina Rosetti, greffière ; Thibault Lleu, greffier ; Alexandra Gauchet-Brou, secrétaire administrative ; Mireille Remy, secrétaire administrative ; Aurélie Caudan, adjointe administrative ; Patrick Gallo, adjoint administratif ; Elodie Volpati, adjointe administrative.

Les greffiers au cœur des préoccupations, à Nice comme à Grasse


Les audiences d’installation des TJ de Nice et Grasse, qui avaient lieu le même jour, ont été marquées par de nombreuses références à la situation des greffes, au bord de la rupture.

À Grasse, la présidente Emmanuelle Perreux a rendu hommage à la profession de greffier juste après avoir salué la venue de nouveaux magistrats ©S.G

La présidente du Tribunal judiciaire de Nice Pascale Dorion s’est réjouie de l’arrivée de 10 fonctionnaires « dans un contexte très difficile pour nos services de greffe ». Il est revenu à Julien Moulard, directeur du greffe de Nice, de présenter les renforts. « À ces 10 arrivées, il faut ajouter la délégation par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence de 9 fonctionnaires placés, et je remercie vivement les chefs de Cour pour la prise en compte attentive de la situation critique des effectifs du greffe de la juridiction  », a-t-il précisé. «  À la date du 1er octobre, le greffe de l’arrondissement judiciaire de Nice ne comptera en effet pas moins de 28 postes vacants, 24 à Nice et 4 à Menton. L’arrivée de 6 greffiers sortant d’école au mois de novembre prochain permettra de résorber (…), partiellement, ce sous-effectif ».
À Grasse, la présidente Emmanuelle Perreux a rendu hommage à la profession de greffier juste après avoir salué la venue de nouveaux magistrats. « Votre arrivée au siège comme au parquet était très attendue et nous nous réjouissons de vous voir ici rassemblés. Nous accueillons également des renforts au greffe du Tribunal judiciaire et dans les Tribunaux de proximité de Cannes et de Cagnes-sur-Mer avec deux nouvelles greffières, quatre adjoints administratifs et cinq agents contractuels. Nous tenions également à les présenter et à les saluer publiquement car une juridiction est avant une communauté de travail dont chacun des membres dépend de l’autre  », a-t-elle déclaré.

« Mal connu mais décisif »

« Il n’y a pas de décision de justice sans un travail en amont et en aval, très mal connu mais décisif. Il s’agit pour le greffe d’accueillir le justiciable, d’enregistrer sa demande, de suivre le cours de l’instruction du dossier, de répondre aux demandes des avocats, de préparer l’audience, de la tenir aux côtés du juge puis de procéder à toutes les notifications indispensables ». Mme Perreux est ensuite revenue sur « le mouvement de grève de très grande ampleur » des greffiers il y a à peine quelques mois. « Les revendications qui se sont exprimées étaient fortes, en termes notamment de reconnaissance. Je ne suis pas là pour m’exprimer à leur place mais il est certain que le greffe, qui connait un taux de vacance structurel très important, doit faire face à une charge de travail de plus en plus pressante, sans que la spécificité de leur statut ne soit toujours reconnue. Ce mouvement de colère légitime ne doit cependant pas conduire à diviser ceux qui travaillent ensemble au quotidien, entre magistrats et fonctionnaires bien sûr mais aussi entre catégories d’agents du greffe. Quel que soit notre statut, nous devons faire face aux mêmes défis », a assuré la présidente du TJ de Grasse.

Les nouveaux magistrats au TJ de Grasse

Ils sont onze, sept du siège et quatre du parquet, à avoir été présentés vendredi 29 septembre : Côme Jacqmin, premier vice-président, tribunal de proximité de Cannes ; Stéphanie Pradelle, procureur de la République adjoint ; Céline Besnard, vice-présidente, chargée du service de l’application des peines ; Nina Califano, vice-présidente, tribunal de proximité de Cagnes-sur-Mer ; Françoise Derouard, vice-présidente, chargée de l’instruction ; Virginie Hoflack, vice-présidente ; Adriane Bergault, juge des enfants ; Florence Prud’homme, juge ; Sybille Bonnardel, substitut ; Sophie Cornelius, substitut ; Gwennhaël De Clercq, substitut.

Photo de Une : Damien Martinelli ©S.G

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