L’incroyable traversée à la voile de Me Krystel Gillard

Rallier Recife au Brésil depuis Lisbonne à bord d’un voilier Class 40, sans cuisine, sans douche et sans couchettes à bord : Krystel Gillard, 34 ans, va s’élancer dans un nouveau défi démesuré, 10 ans après un tour du monde en solo.
Soul Sail est le projet d’un ami américain, Andrew, le skipper qui a fait l’acquisition du bateau il y a quelques mois et qui vise un triple objectif : sportif (cinq novices ou presque à bord d’un Class 40 pour une traversée), écologique (zéro émission de CO2 grâce à un moteur 100 % électrique) et humain (cinq personnes, dont quatre ne se connaissent pas du tout, qui doivent se serrer les coudes pour faire face à l’adversité). « Quand on arrivera à destination, ce qui est certain c’est qu’on sera tous transformés », racontait quelques jours avant le grand départ Krystel Gillard, partagée entre des sentiments d’excitation et d’inquiétude.

«  Dans la vie c’est quand on vit des épreuves assez difficiles qu’on se surpasse, qu’on grandit et qu’on se surprend. La vie nous apporte des cadeaux quand on ose sortir de notre zone de confort. J’ai une devise : Si on veut des choses extraordinaires dans notre vie, il faut oser sortir de l’ordinaire. J’ai déjà fait des sauts dans l’inconnu et je sais qu’à la sortie c’était extraordinaire et c’est ce qui me rassure ».
À bord, ils n’auront qu’un cooker pour cuire des pâtes ou du riz, un désalinisateur pour avoir un peu d’eau et deux bannettes en guise de lits pour tenter de dormir à tour de rôle… Quand elle entend parler du projet pour la première fois, Krystel Gillard est au plus mal, dévastée par la perte brutale de son petit frère. «  Mon petit ami n’a pas réussi à surpasser cette épreuve et il est parti. J’ai vécu deux deuils en quatre mois. J’étais anéantie et c’est à ce moment que mon ami m’a parlé de ce projet. C’était une petite lueur de quelque chose de positif et je lui avais dit ‘emmène-moi’. Mais ce projet est très important pour lui et il ne voulait pas faire de copinage. Il voulait des personnes particulières, en faire une série pour promouvoir de belles valeurs humaines, de courage et de détermination ».

L’intérieur spartiate du Nuna : un cooker pour cuire des pâtes ou du riz, un désalinisateur pour avoir un peu d’eau et deux bannettes en guise de lits pour tenter de dormir à tour de rôle…©DR courtesy K.G

Sac à dos

L’avocate, inscrite aux Barreaux de Paris et de Montréal, est passionnée de voile, notamment de la Juris’Cup à laquelle elle participe avec le Barreau de Nice, et de vidéos. C’est grâce à l’un de ses montages qu’elle a convaincu les organisateurs de l’inscrire à bord. Sur le bateau baptisé Nuna, elle est chargée de filmer en plus de naviguer. Le but étant ensuite d’en faire une série, qui a déjà convaincu la chaîne italienne Explorer HD. L’avocate rejoindra l’équipage, composé donc de son ami américain ainsi que d’un Italien, d’une Britannique et d’une Allemande, à Tenerife pour lui permettre de travailler le plus tard possible pour sa société, Utmost International. Après cette traversée, elle réfléchira encore plus concrètement à son idée de créer une association - qu’elle souhaite appeler Supernova en hommage à son frère - et dont la mission sera d’aider, le temps d’une ou plusieurs journées de voile, « des personnes malades physiquement ou mentalement, qui ont eu des épreuves de vie difficiles ». « La vie peut être oppressante, on a tous une sorte de sac à dos à porter. Quand on pose le sac à dos sur le port, on se sent déjà plus léger. Sur le bateau, on est obligé de se recentrer sur des choses simples et essentielles : nous-mêmes et la nature qui nous entoure. Nous sommes tous des êtres blessés. J’aimerais mettre un petit pansement en aidant ces personnes à se ressourcer et en les ramenant au port plus vaillantes ».