« Une situation plus (...)

« Une situation plus que difficile » pour les promoteurs

Marc Raspor, président de la FPI (Fédération des promoteurs immobiliers) Côte d’Azur-Corse, ne cache pas son inquiétude devant des chiffres alarmants pour la promotion immobilière, en France en général et dans la région en particulier. Les permis de construire sont en chute libre (-35% en France, -25% dans les Alpes-Maritimes), tout comme les mises en vente (-31% en France et -38 % en PACA) et les ventes (-31% en France et -37% en PACA).

« Nous faisons face à une crise polymorphe », explique-t-il. À une crise de l’offre, qui date de plusieurs années, sont venues s’ajouter plus récemment une problématique de coûts de construction et de l’énergie (conséquence de la guerre en Ukraine) et une problématique de la demande avec la hausse des taux d’intérêt.
Le président de la FPI Côte d’Azur-Corse relève que s’il existe localement un marché pour les résidences secondes, cela n’est pas suffisant pour permettre aux promoteurs de s’en sortir. Au sujet des mises en vente, Marc Raspor explique que les promoteurs locaux ont « des difficultés pour boucler les opérations  » et que si « des efforts sont faits pour le logement social, les prix d’achat ne sont pas suffisants ». Il confie que des discussions ont lieu régulièrement avec les bailleurs sociaux afin de trouver un terrain d’entente. La Fédération des promoteurs discute également avec les députés et les sénateurs pour obtenir des mesures de soutien et propose notamment «  une exonération partielle des droits de mutation » afin de « dynamiser temporairement l’acquisition des logements dans le neuf  ». Àl’heure où il manque de très nombreux logements sociaux en France, Marc Raspor rappelle que la promotion privée est un acteur majeur de la production de ces logements : cela représente 54% en France, 75% dans le département. Il affirme enfin que ce sont tous les acteurs de l’acte de bâtir qui doivent être inquiets, promoteurs, architectes, BTP et agents immobiliers, car près de 300 000 emplois, sur toute la filière, sont menacés.

« Territoires engagés pour le logement » : Un courrier envoyé au préfet

Les acteurs locaux, dont la FPI, ont tout de suite réagi après l’annonce du Premier ministre Gabriel Attal de désigner «  dans deux semaines 20 territoires engagés pour le logement, où nous accélérerons toutes les procédures (…) avec pour objectif d’y créer 30 000 nouveaux logements d’ici trois ans ». Afin que les Alpes-Maritimes soient prises en compte, un courrier commun a été envoyé à Hugues Moutouh, conscient des problématiques de logement dans le département. «  Nous devons être prioritaires », a assuré Marc Raspor.

FNAIM 06 : Le département est « impacté » mais « moins qu’ailleurs »

William Siksik et Cyril Messika ©S.G

Les ventes immobilières ont enregistré une chute historique de 22% en France en 2023. Dans les Alpes-Maritimes, cette baisse est moins conséquente, avec un recul de 17,3%. «  La crise est là mais on est dans un département privilégié par rapport à d’autres  », a reconnu Cyril Messika, co-président de la FNAIM 06 avec William Siksik, lors d’une conférence de presse le 23 janvier. « Le marché reste dynamique parce que nous avons une demande » de la part d’actifs de grandes métropoles et de la part de la clientèle étrangère, a ajouté Cyril Messika, confirmant une «  dualité de marché  » : «  la clientèle avec prêts et la clientèle sans prêts ». Ils soulignent que «  le marché en souffrance est celui de la résidence principale pour actifs, financée avec emprunt  » avec une perte de pouvoir d’achat immobilier de 20% en deux ans pour les Français. Ils ajoutent que «  la pénurie de locations, inédite dans son ampleur, paralyse également les ventes, car les logements ne se libèrent pas  ». Alors que les prix ont baissé à Marseille sur un an (-1,4 %), ils continuent d’augmenter à Nice (+3,3%), et à Antibes (+8%), y compris sur les trois derniers mois (+0,4% à Nice et +1,5% à Antibes). Pour autant, afin de tenter de débloquer le marché, William Siksik reconnaît que « nous sommes obligés de faire comprendre aux vendeurs de baisser les prix  ». « II va falloir s’habituer à des taux plus élevés » donc « il faut que les prix baissent  », confirme Cyril Messika.

La FNAIM avance comme solutions au niveau national la portabilité des prêts (« permettre au vendeur de reporter son crédit à un taux intéressant sur une nouvelle acquisition ») et la transférabilité des prêts (« permettre au vendeur de transférer son prêt à un taux intéressant à l’acquéreur »). Il est également très important, indiquent MM. Messika et Siksik, «  d’éviter que les bailleurs privés fuient le logement ».

Photo de Une Marc Raspor ©Compte LinkedinMarc Raspor

deconnecte