Sécurité routière : la (...)

Sécurité routière : la politique répressive marque ses limites

Alors que le nombre des tués sur les routes de notre département s’élève - déjà - à 40 depuis le début de l’année (au 8 août), il serait malvenu de notre part de critiquer la politique répressive mise en place il y a quelques années pour tenter d’améliorer la sécurité routière. L’installation de très nombreux radars automatiques, les contrôles inopinés de l’imprégnation alcoolique ou de stupéfiants, les contrôles de vitesse aux jumelles ont indéniablement porté leurs fruits.
Depuis l’instauration de cette politique du Père fouettard, la courbe du nombre des victimes s’est régulièrement infléchie, passant de 10 000 morts en 1985 à 3 500 environ aujourd’hui. C’est déjà un résultat, autant de drames humains évités, autant de gendarmes ou de maires qui ne vont pas au petit matin annoncer une terrible nouvelle à des parents, des amis...
Pourtant, les statistiques sont formelles : le nombre de morts est reparti à la hausse depuis deux ou trois ans, et pas qu’un peu.

Alors, pourquoi la peur du gendarme ne fonctionne-t-elle plus ? Pourquoi, après quelques années d’efforts, y a-t-il ce relâchement ?

Il est temps de se poser les bonnes questions. Surtout lorsque l’on constate le comportement de chauffeurs "ordinaires", par ailleurs bons pères de famille, qui se transforment en Mad Max dès qu’il s’installent derrière un volant, doublant à droite, klaxonnant en ville, forçant le passage aux piétons, prenant toute liberté coupable avec le Code de la route.
Selon le ministère de la Justice, 400 000 automobilistes ont été jugés en 2015 pour des infractions (délits et contraventions de 5ème classe. Dans ce lot, le radar des Adrets-de-l’Estérel sur l’A8 a envoyé des chauffards à la barre puisqu’il a flashé 116 000 fois l’an dernier, soit 320 fois par jour en moyenne. On versera une larme de crocodile sur les auteurs de grands excès de vitesse. Mais l’immense majorité des contrevenants sont des gens de bonne foi, qui n’ont pas installé de "détecteur" de radar et qui se font surprendre à trois ou quatre km/h seulement au dessus de la limite autorisée. Ce qui n’en fait pas des délinquants pour autant.
Mais ce "troupeau", nombreux et anonyme, paie des amendes dont le produit est, parait-il, réinjecté dans la sécurité routière. On peut donc se demander si les radars sont placés aux endroits où ils améliorent vraiment la sécurité routière (par exemple dans la traversée d’un village ou à la sortie d’une école) ou à ceux où ils rapportent le plus.
Comme l’on peut douter d’une évolution spontanée du comportement humain, la crédibilité de ce système tout-répressif est en jeu. Pour l’heure, les dernières statistiques ne plaident pas pour un statu quo.

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