Avignon : Eva Jospin,

Avignon : Eva Jospin, l’expo qui « cartonne »

Si, chez Eva Jospin, quelque chose touche le grand public aussi bien que les amateurs d’art les plus avertis, c’est sa capacité à nous faire entrer dans la rêverie et le merveilleux. Cela reste la plus fondamentale fonction de l’art, jusqu’à la folie, mais une folie douce et obsessionnelle. On le découvre au travers des œuvres, en majorité faites de carton brut, présentées dans le Palais des papes d’Avignon(1).

Le plus surprenant reste que le matériaux carton utilisé par la plasticienne, humble et bon marché, a été choisi en raison de sa souplesse et de ses possibilités infinies. Malgré sa modestie, et grâce à sa flexibilité, les sculptures et les hauts-reliefs qui en sont issus produisent une impression de préciosité à travers leur monumentalité. 

Le parcours commence tout doucement. Il ne faudra pas s’étonner si, dès le début, il faut chercher les premières œuvres tant elles sont discrètes : ce sont des petites grottes gothiques installées dans les salles de dimensions modestes formant des écrins que surveillent les fantômes de créatures peintes par les plus grands fresquistes de l’école siennoise. Cette déambulation dans le palais réserve progressivement ses surprises, jusqu’à l’apothéose finale…

Palais gothiques, forêt impénétrable

Un des hauts-reliefs monumentaux de lianes et branches entrelacées composant une forêt impénétrable ©M.L

Ces œuvres ont été créées in situ : des palais gothiques de cartons collés et modelés avec une infinie richesse de détails. Ils se fondent parfaitement dans le lieu, répondent d’une manière si pertinente que l’on a l’impression qu’ils sont là depuis toujours... Eva Jospin a réussi le tour de force d’investir un immense et labyrinthique édifice gothique, sans doute le plus grand au monde.
L’artiste maîtrise aussi d’autres matériaux comme le laiton et le verre qui, associés au carton, composent une grande suspension culminant à plus de vingt mètres dans la cheminée de la cuisine haute du palais. Trois tapisseries en soie aux couleurs pastel (de 10 mètres sur 3,5 mètres !) sont installées dans l’ancienne salle des festins, en réponse aux grandes tentures qui ornaient jadis maintes salles du palais à la grande époque des papes.
On y reverra aussi un des hauts-reliefs monumentaux de lianes et branches entrelacées composant une forêt impénétrable exposé il y a deux ans au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris. 

La visite s’achève par l’immense espace de la grande chapelle. Elle abrite de majestueuses structures munies d’arches à colonnades parcourues de lianes ciselées et de veines végétales. Des monuments et palais de carton qui jouent avec les perspectives et la lumière. Bluffant.

(1) Exposition intitulée « Palazzo », jusqu’au 7 janvier au Palais des papes à Avignon.

Photo de Une : ©M.L

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