Patrimoine : Un château pour le prix d’une villa

Par exemple le château de Veauce dans l’Allier. Il a été construit par... Charlemagne pour son fiston Louis le Débonnaire. En haut d’un piton rocheux, il a veillé sur les frontières du royaume d’Aquitaine avec l’Auvergne, le Berry et le Bourbonnais. Vous n’y serez pas à l’étroit : il offre plus de... cent pièces, cinq tours, environ 3 000 mètres carrés d’habitation (on ne garantit pas que ce soit Loi Carrez...).
Devenu domaine royal au XIIIe et propriété de la maison de Bourbon, il fut plusieurs fois remanié au fil des siècles. Entouré de 8,5 hectares de terres dans un superbe décor naturel, l’ensemble est proposé pour 1,5 million.
Pour la moitié de cette somme, vous pourrez acquérir le château de Culan (photo ci-contre) dans le département du Cher. Cette forteresse féodale appartint à un homme d’armes qui fut le bras droit de Jeanne d’Arc au siège d’Orléans. Mais aussi à Maximilien de Béthune (le grand Sully, ministre d’Henri IV), et au prince de Condé. Avec ce dernier propriétaire, il fit partie de la Fronde. Louis XIV envoya ses dragons dans le Berry pour ramener à la raison son turbulent cousin et en profita pour faire raser le donjon et une partie des remparts de son château (ça ne vous rappelle rien à Nice ?).
Cette remarquable propriété reçut, dit-on, la visite de Madame de Sévigné qui s’en allait prendre les eaux à Vichy, et de George Sand accompagnée de Chopin. Comme Veauce, la lignée historique est dorée sur tranche. Le château de Culan abrita dans les années 1960 à 1980 des expositions notables
(Picasso, Dali, Vasarely) qui attirèrent des milliers de visiteurs. Il attend un nouveau propriétaire pour le réveiller d’un trop long sommeil et jouir de ses 1 000 mètres carrés.

Un modeste 500 mètres carrés

Si vous êtes impressionnés par ces demeures au passé prestigieux, pourquoi ne pas vous « contenter » d’une propriété plus modeste ? Comme ce très bel hôtel particulier du XVIIIe siècle, entouré de jardins et de dépendances (deux T2 et un T4), niché dans le cœur de Montluçon, sous-préfecture de l’Allier. Proposé à 550 000 euros.
Ou, dans la région de Moulins, cette superbe maison de maître qui, avec un parc de quatre hectares, offre onze pièces, des remises (997 000 euros), ou ce château néo-classique rénové avec soin (parquets en pointe de Hongrie, cheminées en marbre sculpté), toit-terrasse, piscine chauffée, parc de 9 hectares avec des arbres d’essences rares, étang. Il sera à vous contre un chèque de 1,35 million.
Si les prix de vente affichés dans les agences peuvent évidemment être négociés, si rapportés au mètre carré les tarifs sont bas, les acquéreurs potentiels doivent savoir que certains de ces châteaux sont tout ou partie inscrits et/ou classés aux Monuments Historiques. Cette reconnaissance officielle se double d’une protection qui limite les possibilités de transformation et alourdit les factures des rénovations nécessaires. C’est à vous de voir.
Mais en ayant gardé son âme d’enfant, on peut quand même s’offrir un beau rêve...
Jean-Michel CHEVALIER