Haine en ligne : il (...)

Haine en ligne : il y a encore trop d’abonnés aux messages qu’on n’a pas demandés...

Appels au meurtre, dénigrement, suicides... Le scandale de Christchurch met les réseaux sociaux sous pression. Qu’espérer au delà des bonnes intentions réitérées ?

Odieux

Dois-je me suicider ou pas ?
Oui, tapez 1, non tapez 2. C’est grosso modo le message posté sur Instagram
par une adolescente malaisienne de 16 ans qui vient de mettre fin à ses jours puisque 69% des participants à ce "sondage" ont voté la mort. Une jeune britannique de 14 ans avait fait de même après avoir visionné des contenus sur l’automutilation et le suicide sur le même réseau "social".

Liberté, irresponsabilité

Campagnes de haine, de discriminations racistes ou sexuelles, intolérance, dénigrement, harcèlement... Dans les faits, la liberté du contenu sur les réseaux et l’anonymat de leurs auteurs conduisent à des "dérapages" fréquents
qui poussent, enfin, les états à réagir. Du moins pour 26 d’entre-eux qui ont décidé de s’engager contre la cyberhaine. Du pain sur la planche...

Des États réagissent

L’appel de Christchurch, du nom de cette ville néo zélandaise où un suprématiste s’est attaqué à une mosquée en faisant 51 morts, a été initié par la Première ministre du pays des antipodes et par le président Emmanuel Macron.
Ce texte a été adopté par la France, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni et l’Irlande, le Canada, la Jordanie, la Norvège, le Sénégal, l’Indonésie et par la Commission européenne. Manquent à l’appel...beaucoup de pays, dont les USA la Chine et la Russie qui abritent pourtant des serveurs extrêmement puissants avec des millions d’abonnés.

Dommages et intérêts

Se réfugiant derrière la liberté du Net, les géants du secteur - Facebook, WhatsApp, Instagram, Google, YouTube - ont été longtemps réticents à intervenir, quand ils n’ont pas opposé des fins de non-recevoir aux demandes de retrait de contenus très "discutables". Mis sous pression et renvoyés à leur responsabilité, avec sûrement la crainte de procès et de dommages et intérêts, ils commencent à faire un peu de ménage dans les contenus mis en ligne...

Contrôles

Avec l’appel de Christchurch, ces géants s’engagent à prévenir le téléchargement et la diffusion de ces messages (dont certains vont jusqu’à appeler ouvertement au meurtre ou au suicide) et à assurer leur retrait immédiat et permanent.

Automatisation de la haine

Il est évidemment difficile de supprimer les messages en temps réel : celui concernant l’attaque de la mosquée de Christchurch a ainsi été "reposté" automatiquement toutes les secondes - soit 1,5 million de fois - après sa suppression a expliqué la Première ministre néozélandaise... Technologiquement parlant, les "forces du mal" sont puissantes...

Riposte technologique

Les réseaux ont cependant des "armes" comme les algorithmes signalant
des contenus "suspects". Ils peuvent bloquer ou clôturer des comptes, "détourner" les utilisateurs de ces messages.
Une nouvelle course est engagée entre les gendarmes et les voleurs...
Mais il faut aussi une réelle volonté.
Les principaux réseaux, dont Twitter, s’étaient déjà engagés dans cette voie en 2016, mais malgré quelques progrès, on ne peut que constater des trous dans la raquette...

Et l’Europe dans tout ça ?

L’Europe a édicté un code de bonne conduite pour les réseaux sociaux,
mais ce n’est pas suffisant, et en tous cas bien moins efficace qu’une
législation commune qui reste à adopter. Actuellement, les entreprises des technologies de l’information affirment que 72 % des contenus haineux signalés sont supprimés dans les 24 heures. Si elles le disent...
Peut-on s’en contenter ?

Photo de Une (DR)

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