Rencontres territoriales de l’UPE-06 : les déplacements au cœur des débats


Economie


16 avril 2018

Destinées à faire discuter ensemble élus et responsables économiques, les Rencontres Territoriales de l’UPE-06 se sont déroulées à Villeneuve-Loubet. L’occasion pour le maire Lionnel Luca de rappeler l’importance économique de ce secteur "bassin charnière entre la Métropole et la Casa, qui s’est développé très vite ces dernières années et compte maintenant 4 440 entreprises, 9 500 emplois et 25 000 habitants". Comme 78 % des employés n’habitent pas sur place, cela ne manque pas d’engendrer les problèmes de déplacements que l’on constate chaque jour...

Villeneuve-Loubet : au croisement de la circulation

Concernant Villeneuve-Loubet, la commune abrite sept cents entreprises et sièges sociaux. "Nous avons longtemps souffert d’une indifférence générale tout en étant recherchés. On nous dit : il faut faire du logement, cela servira aux entreprises. Le jour où cela fonctionnera, faites-moi signe" a commenté
Lionnel Luca, dénonçant le projet de 1 200 logements qu’il a trouvé à son arrivée en mairie et qu’il a depuis revu à la baisse.
Concernant la circulation, il a regretté l’inaction de l’État pour l’ancienne Nationale 7, axe sur lequel "il ne s’est rien passé pendant vingt ans" jusqu’à ce que le Département fasse des investissements (ronds-points) qui ont nettement amélioré la situation.
Mais beaucoup de problèmes demeurent, comme celui de la route du bord de mer. "Aucune protection n’empêchera la mer de la couper. Quelle solution de repli avons-nous ? Doubler la 7, mais sur quels espaces ?"
interroge le maire de Villeneuve pour qui les enjeux dépassent de loin le cadre de sa commune. "Nous sommes favorables à la Ligne Nouvelle. Elle est indispensable, elle nous évitera 20 000 voitures qui traversent la ville chaque jour. Mais j’ai des inquiétudes sur son financement".

Philippe Tabarot : un "plan Marshall pour la SNCF"

Vice-président de la Région, délégué aux transports, Philippe
Tabarot a estimé que "tout est en train de se jouer aujourd’hui sur les infrastructures, le devenir de la SNCF. Nous sommes une des régions d’Europe où l’air est le plus pollué. L’A8 est saturée depuis longtemps et il n’y a aucun projet. Avec 13 millions de passagers par an, l’aéroport arrive à saturation. Notre région compte 5 millions d’habitants, mais 100 000 seulement prennent le TER qui est le moins fiable de France. Chaque matin, la Région verse 1 M€ pour faire circuler 590 trains. c’est une somme astronomique par rapport à la non-qualité de service".

Philippe Tabarot préconise de "simplifier la vie du voyageur par l’information. C’est là ou la SNCF est la plus mauvaise. Il y a pourtant des moyens modernes pour agir, comme Paca mobilité. Il faut aussi améliorer les conditions de voyage, avec des trains plus capacitaires et de bus plus confortables. Il faut faciliter les échanges entre les réseaux et les modes de transport, expérimenter des carburants moins polluants. On a besoin d’un plan Marshall sur les infrastructures. Elles ont été abandonnées depuis trop longtemps car on a tout misé sur le TGV".

Les entreprises "n’en ont pas pour leur argent"

Élu à la CCI, Pascal Nicoletti a rappelé le travail des clubs d’entreprise sur les plans de déplacement et de transport du quotidien des salariés. "On paie des taxes, mais nous n’en avons pas pour notre argent. Avec l’UPE, nous portons la voix des entreprises pour faire aboutir la Ligne Nouvelle".
En conclusion, Philippe Renaudi a évoqué la situation de la SNCF. "Il faudra une génération pour arriver à la fin du statut du cheminot. C’est une vraie réforme, on est en plein dedans. La grève va rajouter 60 M€ de dettes. La concurrence n’est pas un gros mot. En Angleterre, elle fonctionne plutôt bien. En Allemagne, le prix du TER a baissé pour l’usager et le contribuable".
Concernant le rapport Durond sur les transports remis au gouvernement, il a plaidé pour le scénario le plus puissant : celui qui doit injecter 80 milliards d’euros sur vingt ans dans les infrastructures de toutes les
mobilités. "À moins, on ne fera rien de tangible" prévient de le patron de l’UPE-06.

Numérique et économie

Charles-Ange Ginésy : "Le Département porte les enjeux de la révolution numérique pour l’entreprise. Seulement 10 % des PME sont engagées dans cette transformation, c’est peu. Le Conseil départemental a réuni un groupe d’experts pour innover sur les collèges, sur l’aménagement du territoire. Il faut aller plus loin. Le numérique fait réaliser des économies, par exemple avec des capteurs sur les routes et les ouvrages qui indiquent l’usure. Ces économies sont ensuite réinjectées dans l’entretien".


Jean-Michel Chevalier