Un brin de confusion


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23 août 2011

Le mois d’août n’est plus ce qu’il était. Autrefois, on pouvait s’autoriser le farniente pendant les trois premières semaines : seuls comptaient alors le soleil de la Riviera, les pluies de la Côte d’Armor, le pantalon de golf du Président américain et le vélo de course de son homologue français. Aujourd’hui, celui qui s’est isolé du monde pendant cette période, qui a glandé au frais sur les alpages, bayé aux corneilles sous les frondaisons, débranché tous ses i-bibelots, négligé la presse et la télé, ignoré infos et ragots, celui-là se trouve fort dépourvu car la bise est déjà venue. La Bourse a joué aux montagnes russes et menace de tomber dans l’abîme ; le monde produit moins de richesses mais de plus en plus de désordre. Au point que les teams gouvernementaux ont dû abréger leurs vacances et remettre prématurément les mains dans le cambouis. Non sans susciter quelques sarcasmes : les esprits perfides prétendent que les choses n’allaient pas plus mal avant que nos éminences n’interrompissent leur bronzage pour blanchir sous le harnais. Quelques indices corroborent ces calomnies : les coalisés de l’Otan ont probablement hâté la conquête présumée du pouvoir libyen par les « rebelles », ainsi nommée la coalition improbable de mécréants qui guerroient pendant le ramadan. Ce qui, entre nous, n’est pas très orthodoxe.

La victoire en question ne brille pas non plus par l’orthodoxie : le fils et bras droit de Kadhafi serait apparu cette nuit à Tripoli, libre comme l’air et acclamé par la foule comme un empereur romain. Va comprendre, Charles : la politique dans le désert est devenue aussi confusionnelle que celle des terres civilisées. Ce qui compte, c’est la victoire juste avant le JT de 20 heures. Après, on rebat les cartes pour une nouvelle donne. Il en est semble-t-il de même avec les questions économiques et financières. Chaque jour, ou presque, voit surgir un nouveau plan, une nouvelle martingale susceptible de porter un coup fatal aux embarras qui perdurent. A croire que tous les feuilletonistes de la planète ont été débauchés pour concevoir l’épisode quotidien, d’une qualité inégale et pas toujours assorti d’un happy end. Finalement, on se dit que nos ministres eussent mieux fait de consulter les pythonisses sur leur lieu de villégiature. Et de convoquer les marabouts patentés à la rentrée. Pour jeter un sort définitif aux forces malignes qui ont poissé les vacances de nos édiles adorés.

La recette du jour

Gestion au marabout

Vos affaires sont dans le rouge et vos tentatives de redressement demeurent vaines. Cessez de combattre avec des bouts de ficelle et mettez en selle un marabout. Votre situation ne s’améliorera probablement pas. Mais au moins d’autres que vous seront atteints par le mauvais sort. Vous vous sentirez moins seul.


Jean-Jacques Jugie