Le combat des cheftaines


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29 août 2011

Il y a ce matin un parfum de rentrée dans l’air. Des relents de madeleine proustienne qui évoquent les levers dès potron-minet et le retour à la chiourme scolaire, après les grasses matinées estivales et les vacances insouciantes, sans autre contrainte que celle du risque de l’ennui. Les factions politiques ont bouclé leurs universités d’été, où l’on apprend davantage à se défier de ses amis qu’à combattre ses ennemis ; les parlementaires rangent dans leur cartable les bonnes résolutions qu’ils savent difficiles à tenir ; les chefs d’organisations donnent le ton des bagarres à venir. Telle dame Parisot, qui dévoile dans Le Figaro le fond de la pensée du Medef : les Américains orchestrent des rumeurs malveillantes à l’égard de l’Europe, dans l’intention de lui « repasser le mistigri » des difficultés qu’ils rencontrent et dont ils sont eux-mêmes responsables. Sans doute le syndicat patronal est-il conscient depuis longtemps de cet état de fait. Mais en faire l’aveu public constitue un événement d’importance : il faut remonter à la période gaullienne pour retrouver des critiques directes des milieux d’affaires français à l’égard de la barbarie yankee dans le business. Ainsi Laurence Parisot fustige-t-elle les rumeurs « infondées » que les Anglo-américains ont distillées sur nos banques, lesquelles seraient « parmi les plus solides du monde ».

Un sentiment de solidité que ne partage pas, manifestement, la direction du FMI en la personne d’une autre éminente Française. A l’occasion du traditionnel pince-fesses de Jackson Hole, où le patron de la Banque fédérale américaine réunit ses principaux homologues, Dame Lagarde a pointé du doigt le risque d’une nouvelle récession, qui est soudainement apparu depuis qu’elle a quitté le ministère des Finances de notre pays : on vous avait bien dit qu’il fallait garder Christine chez nous. Celle qu’un célèbre Banquier suisse, dans une bouffée d’agacement, a baptisée sans aménité la « Française hilare », repasse les plats de son menu d’équilibriste : les grandes nations doivent à la fois relancer leurs économies et réduire leurs dettes. Dépenser leurs sous et les épargner en même temps. Se gaver de beurre et conserver l’argent du beurre. C’est son fameux concept de « ri-lance » (rigueur et relance simultanées) qui a fait ricaner jusque dans les loges de concierge du Zimbabwe. Cerise sur le gâteau : il faut opérer d’urgence une recapitalisation « substantielle » des banques européennes par tous les moyens privés ou publics, voire par sorcellerie. Il y a donc quelqu’un qui se trompe quant à la santé des banques les plus solides du monde : la loyale Laurence ou la traitresse Christine. L’enjeu est de taille : une tornade Irene sur le système financier.

La recette du jour

Carrière sérieuse et hilarité

Selon le principe de Peter, on vous a depuis longtemps hissé à des responsabilités que vous êtes bien incapable d’assumer. Ne vous inquiétez pas : votre carrière n’en est pour autant pas achevée. Apprenez à défendre n’importe quoi et son contraire dans le même discours. Si vous réussissez cet exercice délicat, vous pourrez prétendre à la direction de la FED. Ou à celle du FMI, si vous êtes hilare.


Jean-Jacques Jugie