Requête au XV de France


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10 octobre 2011

Avec toutes les compétitions du week-end, on ne sait plus où donner de la tête. D’abord, La Belgique, la France, le Luxembourg et la BCE se sont qualifiées pour les demi-finales du sauvetage de Dexia. Une partie de poker dans laquelle la Belgique a déjà sacrifié l’essentiel de ses munitions, mais le contribuable a le droit de recaver son champion. Sous l’arbitrage des agences de notation, qui ont le pouvoir de prononcer l’élimination des joueurs avant qu’ils ne flambent tous leurs picaillons. C’étaient aussi les soixante-quatrièmes de finale du sauvetage de l’euro, qui se joue à raison d’une rencontre par jour jusqu’au prochain sommet du G20, programmé pour le début novembre. Hier, l’Allemagne et la France ont achevé leur match sur un résultat nul : les capitaines ont tous deux affirmé qu’ils allaient gagner et personne ne les a crus : ni l’un ni l’autre n’ont encore réuni le début d’une équipe crédible, ensemble ou séparément. Enfin, on a également assisté aux demi-finales du sauvetage du Parti socialiste français, engagé dans une primaire à l’américaine pour désigner son champion. Il en résulte que ce sont les candidats ayant réuni le moins de suffrages qui décideront de l’issue définitive. Un peu comme si la Slovaquie, par exemple, pouvait à elle seule décider du sort de la Grèce. Telle est la glorieuse incertitude du sport démocratique.

Tout cela relègue finalement au second plan la seule compétition qui mérite une attention soutenue : la coupe du monde de rugby. L’événement est sans doute secondaire pour les Grecs, les Slovaques ou les Belges, qui ne pèsent rien dans cette discipline. Il est sans doute accessoire pour nos personnalités politiques, qui adorent la mêlée mais sont incapables d’en faire sortir le ballon. Pourtant, bien que moins populaire chez nous que le foot, le rugby appartient de longue date à notre culture. Si bien que la coupe du monde est perçue comme une métaphore de la position objective de notre pays dans le concert des nations. Un test in vivo de notre grandeur revendiquée et de la respectabilité de nos dirigeants. Que notre équipe manque de cohésion et c’est le gouvernement qui est suspect de zizanie interne ; que nos avants rechignent à aller au charbon et voilà que nos ministres sont accusés de pleutrerie ; que l’autorité du capitaine soit mise en doute et le volontarisme du Chef de l’Etat passe pour une gasconnade. C’est pourquoi on ne saurait trop encourager nos équipiers à lâcher les chevaux dans les prochaines rencontres : les statistiques démontrent qu’un succès sportif international génère un surcroît de croissance économique non négligeable. Et un supplément de cote pour le gouvernement. Si le XV de France veut que l’on puisse sauver la Grèce, l’euro, le climat et la retraite des cheminots, il a intérêt à se bouger le popotin. Il est temps d’oublier Coubertin : l’important n’est pas de participer, c’est de gagner.

La recette du jour

Europe à XV

Vous avez longtemps cru que notre avenir passait par la constitution d’une grande famille européenne. Qu’à vingt-sept, et plus encore, les banquets seraient plus animés. Peut-être vous êtes-vous laissé emporter par un coubertinisme désuet. Militez pour une équipe resserrée autour d’un solide pack d’avants. A XV avec un bon capitaine, on prend n’importe qui dans la mêlée.


Jean-Jacques Jugie