L’e-commerce au turbo


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17 octobre 2011

Finalement, les succès de la « société de consommation » n’auront pas duré très longtemps. Autrefois, nos ancêtres attendaient patiemment la grande foire de la ville la plus proche, pour y dégoter leur équipement de l’année à venir. Le reste du temps, ils travaillaient et économisaient. Maintenant qu’il y a davantage de grands magasins que de bistrots, que la foire commerciale est permanente, ce ne sont pas les marchandises qui manquent ni le temps pour les acquérir. C’est l’argent pour payer la note. Il devient désormais difficile d’adopter l’american way of life, consistant à acheter plein de choses dont on n’a pas besoin avec de l’argent que l’on emprunte. Car les prêteurs ont pris trop de bouillons avec le pékin boulimique. Ils préfèrent maintenant prendre la pâtée avec les Etats impécunieux et les marchés spéculatifs. C’est un métier risqué, le négoce d’argent. Le négoce de marchandises aussi, mais il dispose d’une filière de développement prometteuse : le commerce électronique. Le rêve du chaland : plus besoin de crapahuter dans les rayons et d’affronter des vendeurs qui en savent moins sur leurs produits que vous sur le droit canon ; plus besoin de faire la queue avant de se colleter à des caissières grincheuses. Les courses en un clic depuis un fauteuil, avec livraison à domicile. Royal.

Pas étonnant donc que l’e-commerce fasse un tabac. Mais sa progression spectaculaire ne suffit apparemment pas aux bonimenteurs de la mercatique. Il leur faut inventer des techniques appropriées aux promotions et autres soldes. Comme le rapporte Le Figaro du jour, une firme suédoise vient d’inventer le concept de promotion supersonique : lorsque l’offre apparaît sur votre écran, vous n’avez que quatre secondes pour décider de votre achat. Pour faire de bonnes affaires, il faut avoir des nerfs de trader. Selon les propagandistes de ces ventes « flash », la méthode permettrait d’accroître la « désirabilité » des produits. En d’autres termes, de parer les rossignols d’un plumage plus chatoyant. Intéressant. Si la martingale s’avérait efficace, il faudrait immédiatement la transposer à la vie démocratique. Imaginez que nous n’ayons que quatre secondes pour élire notre député ou le président de la République. Quatre secondes pour tirer le bon numéro parmi les fins de série proposées. On économiserait des mois et des mois de campagnes promotionnelles, harassantes et coûteuses pour les candidats, harassantes pour les citoyens et coûteuses pour les contribuables. Avec les économies réalisées, le pays pourrait lancer une OPA sur les agences de notation. Et s’assurer ainsi un triple A pour l’éternité. Tout bénéf.

La recette du jour

Travailler moins…

… pour gagner plus. Vous êtes dans le commerce : les exigences de vos clients érodent vos marges et vous usent les nerfs. Spécialisez-vous dans le rossignol et n’ouvrez votre magasin que quatre secondes par jour. Selon les gourous de la mercatique, vous augmenterez votre désirabilité et vous ferez des économies d’électricité. Quand tous vos rossignols seront vendus, lancez-vous dans la politique.


Jean-Jacques Jugie