Conseil de discipline


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3 novembre 2011

Ça chauffe à Cannes. Pas vraiment à cause de la météo : le temps ne cesse de se dégrader. Au même rythme que le moral des Cannois, isolés des éminences par un cordon sanitaire en béton policé, qui les prémunit au moins contre le virus le plus redouté des participants au sommet : la dissidence. Car il a fallu débuter ce G20 par un Conseil de discipline, devant lequel a été « convoqué » Papandréou, l’élève le plus turbulent de la classe européenne. Le Proviseur français et la Surgé allemande ont lu l’acte d’accusation, qui a fait frémir d’indignation les pions de la Commission – c’est eux qui se tapent la surveillance pendant les heures de colle. Les manquements du prévenu sont très graves : tenue débraillée, port prohibé de la moustache, trafic d’indulgences et incitation au chahut (il est chef de classe, ce qui aggrave son cas). Le verdict témoigne toutefois d’une propension à la clémence : Papandréou a été renvoyé dans ses foyers pour y passer la nuit. Et fermement encouragé à bien réfléchir et à poser la bonne question à ses petits copains : veulent-ils oui ou non rester dans le même bahut ? Car s’ils sont virés, aucun autre lycée ne les acceptera : ils deviendront incultes, crasseux et devront vivre dans un tonneau, comme Diogène. Tandis que dans le cas contraire, eh bien… ce sera pareil. Mais les autres Européens continueront de les saluer : ils seront respectés.

On comprend sans peine la nervosité des autorités de l’établissement. Ce n’est pas que les Grecs soient les meilleurs élèves du lycée, au contraire : certes, ils ne sont pas sots et pourraient mieux faire, mais en attendant, ils collectionnent les mauvaises notes, mangent comme quatre et ne paient pas leur pension. En fait, là est le problème : s’ils s’en vont, les autres devront éponger toute l’ardoise, sans espoir d’en être jamais remboursés. Et le précédent pourrait soumettre certains à la tentation de s’athéniser, ce qui serait alors la porte ouverte à la chienlit généralisée. Voilà ce qu’il en coûte de refuser la sélection à l’entrée, sous prétexte que l’élitisme heurte le sentiment républicain et contrarie les valeurs démocratiques. Voilà ce qu’il en coûte d’avoir supprimé la morale et l’instruction civique des programmes, sous prétexte qu’elles relèvent d’un passé révolu et ringard. Il reste donc à croiser les doigts pour que les Grecs, dans un sursaut salutaire de dignité, acceptent de se faire étriller à perpète pour solder leurs bamboches passées. Ou que le Conseil de discipline, qui se réunit aujourd’hui en session plénière, fasse preuve de compassion et allège les pénalités des contrevenants. Sans avoir été consulté sur le sujet, on se permet un avis désintéressé : au cas d’espèce, l’indulgence serait moins coûteuse qu’une trop grande sévérité…

La recette du jour

Enseignement économique

Vous avez fait preuve d’une permissivité excessive dans l’éducation de vos enfants. Résultat : ils glandent dans leurs études, méprisent la discipline, se laissent pousser la moustache et claquent le prix de leur pension en fanfreluches antidotées. Expédiez-les derechef dans un lycée grec : ils n’apprendront pas davantage, mais ça vous coûtera moins cher.


Jean-Jacques Jugie