Les travaux d’Hercule Monti


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28 novembre 2011

Les Italiens n’auront pas besoin d’attendre les fêtes de fin d’année pour avoir la gueule de bois. Mais il faut reconnaître qu’ils ont longtemps berlusconé dans l’insouciance du lendemain. Et voilà que le lendemain est arrivé. En dépit de la nomination d’un surveillant général réputé pour son sens de la discipline budgétaire, le chahut s’est amplifié sur les marchés financiers : vendredi dernier, le pays a dû payer un taux de 6.5% pour obtenir 10 malheureux milliards d’euros de trésorerie à… 6 mois. L’ennui, c’est que sur cette même échéance de six mois, Rome doit se procurer environ 200 milliards pour renouveler la dette venant à échéance. Autant dire qu’il y a le feu au lac. Les pompiers du FMI seront sur place cette semaine, dans le cadre d’une mission dite de « surveillance ». Car il serait question pour le Fonds de prêter à l’ltalie jusqu’à 600 milliards d’euros, un montant qui représente le double de la capacité ordinaire totale de l’institution. Tout le monde attend donc que Dame Lagarde accomplisse avant Noël le miracle de la multiplication des DTS, afin de célébrer avec panache les noces de Monti avec son peuple.

Ce n’est pour autant pas un festin qui attend les Transalpins. Les commentateurs se sont jusqu’à présent gaussé de la gestion grecque, faite d’un bricolage de la comptabilité publique, de cohortes de fonctionnaires-fantômes, d’une armée de défunts percevant leur retraite et d’une administration fiscale rustique. On sait ce que la Rome antique doit à Athènes ; il se pourrait bien que ses emprunts culturels se soient poursuivis jusqu’à nos jours. En foi de quoi le passage de l’Italie à l’ère moderne devrait-il se révéler très douloureux pour ses ressortissants. Non qu’il soit envisageable pour eux de rembourser une dette qui avoisine désormais les 2.000 milliards, ce qui fait un gros paquet de sesterces. Mais il va leur falloir afficher leur bonne volonté et faire comme s’ils étaient respectueux de leurs engagements. En conséquence, Monti se propose de mener une politique alliant « rigueur budgétaire, croissance économique et équité sociale  », et maintient l’objectif de revenir à l’équilibre budgétaire dès 2013. Des travaux d’Hercule. Equité sociale et rigueur budgétaire vont de pair : cela signifie que tout le monde va trinquer. Ces objectifs seront très certainement respectés. Quant à la croissance économique, supposée faire tenir l’édifice, on ne voudrait pas désobliger le nouveau président du Conseil, mais elle relève du vœu pieux. Même en exportant la totalité de sa production de panettone, dont les Italiens font une énorme consommation pendant les fêtes, Il est peu probable que l’activité du pays fasse mieux que celle de ses frères en Europe. C’est-à-dire pas grand-chose. L’empire romain n’est plus ce qu’il a été ; mais s’il vacille, ça va faire du bruit.

La recette du jour

Panettone de crise

Vous êtes Romain et respectueux des traditions festives. Mais vous devez consacrer tout votre budget aux nouvelles taxes et impôts qui vont permettre à Monti de sauver le pays. Pour votre panettone de Noël, empruntez leurs œufs aux oies du Capitole ; utilisez de la farine de perlimpinpin et de la levure d’escampette. Pas de sucre, désolé : mais vous vous êtes déjà largement sucré.


Jean-Jacques Jugie