30 décembre 2011
Contre toute attente, les Français n’ont pas mégoté sur leurs dépenses de fin d’année. Les tablées festives ont anéanti des colonies de homards, décimé des cohortes de dindes et des bataillons de canards, débité des forêts de bûches pâtissières et siphonné les grands crus par barriques entières. Ce n’est pas que nos concitoyens aient cette année prospéré au point de ne plus savoir comment gaspiller leurs deniers. Ce n’est pas qu’ils aient confiance en l’avenir au point de sacrifier à la ripaille toutes leurs économies. Au contraire. Mais la tradition gauloise est bien établie : si un bon banquet ne permet pas de conjurer le sort, il soigne l’angoisse plus efficacement qu’un anxiolytique. Voilà pourquoi les médecins généralistes sont plus souvent sollicités que les psychanalystes : chez nous, le mal au foie l’emporte sur la crise de foi.
Et les mystères de la génétique ont fait le Français philosophe : pour les temps à venir, il se dit que le pire n’est pas certain, même si le mieux est improbable. Il se prépare donc stoïquement à en voir de toutes les couleurs. Le bleu de l’horizon, qui avait déjà pâli, se charge maintenant de nuages gris ; bientôt, d’obscurs cauchemars tenteront de nous faire des nuits blanches et des idées noires : chacun redoute que le rouge de la colère populaire ne vienne noyer le vert de l’espérance commune.
Pour cette année 2012, aux tons de l’arc-en-ciel mais chargée d’incertitudes, on vous souhaite moins d’embarras que vous n’en redoutez, plus de bonheur que vous n’en espérez et autant de bonne humeur que vous en pourrez conserver.
Menu-type 2012
Bouillon de galets
Brouet de racines et sa purée de ronces
Gazon en salade
Fromages maigres
Flan au petit-lait de vache étique
Infusion de glands torréfiés
Jean-Jacques Jugie