L’or du métro


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2 janvier 2012

Le mois de janvier, ce n’est pas seulement celui des vœux, des bonnes résolutions et des régimes nettoyants après les réveillons. Ce n’est pas seulement celui des soldes d’hiver et de l’augmentation du prix de l’énergie – dont on se moque bien, puisque les températures sont caniculaires et que l’on a décidé de renoncer à l’auto au profit du métro. Janvier est surtout le plus gros mois d’activité des augures, haruspices, cartomanciens, économistes et autres charlatans. Tous vont nous inonder de leurs prévisions à la graisse d’oie, de leurs visions de prophètes de bastringue, de leurs vaticinations au pur malt et de leurs hallucinations à la moquette fumigène. Ce sera difficile de résister au spleen que devrait générer le torrent de calamités qui nous sont promises, car les derniers optimistes fanatiques, qui péroraient encore l’année dernière comme concierges devant les étrennes, se sont désormais convertis en masse à des scénarios moins fringants. Mais dans ce flot de prédictions, un courant pourrait bien se trouver dans le sens de l’Histoire : celui qui pronostique une nouvelle fièvre de l’or, même si nombreux sont ceux qui ont raté les premières poussées. Car toutes les monnaies de la planète sont maintenant méchamment infectées.

Voilà pourquoi le billettiste est allé récemment déterrer le petit magot qu’il avait, par précaution, enfoui dans les jardins de la station Châtelet du métro parisien (c’est bien connu : tous les chemins souterrains mènent à Châtelet-Les Halles). Seulement voilà : hypnotisé par la lecture des prédictions de Bercy et de celles des pythies de l’Elysée, votre serviteur a oublié dans le RER le petit sac enfermant ses lingots. Bon, d’accord, ce n’est pas un drame : il n’y en avait qu’une vingtaine. Mais enfin, on s’y était attaché, à ces lingotins, d’autant que l’on ne se souvient plus si l’on a enfoui les autres dans notre jardin ou dans celui du voisin. On a donc une requête à formuler : quiconque tomberait par hasard sur ces babioles dorées serait assez aimable de les envoyer au journal, qui transmettra. Merci de ne pas avertir au préalable les services de sécurité : ces Rambo de la tirelire seraient bien capables de la dynamiter.

La recette du jour

Cagnotte de précaution

Votre perspicacité vous a fait mettre de côté quelques jaunets et lingotins, par crainte du lendemain. Bien vu, mais cela ne suffit pas : encore faut-il savoir où les loger pour ne pas les égarer. Au coffre, c’est le risque de vol ; au congélateur, le risque d’indigestion ; au jardin, celui d’Alzheimer. Confiez le magot à vos enfants : ils le claqueront illico. Ce ne sera pas perdu pour tout le monde et vous dormirez tranquille. En rêvant que vous êtes le savetier de la fable.


Jean-Jacques Jugie