La Hongrie sur le grill


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4 janvier 2012

Ce qui est sympa, dans l’Union européenne, c’est le sentiment confortable d’appartenir à une vraie communauté. Une grande famille soudée par des valeurs fortes, comme l’euro ; une famille en indivision sur une monnaie héritée, l’euro, et partageant une obsession commune, l’emprunt en euros. Bref, le lien qui tient la tribu réunie et fait d’elle le modèle d’économie domestique que le monde entier nous envie, c’est l’argent. L’affaire manque peut-être un peu de romantisme, convenons-en. Mais il faut bien reconnaître cette réalité immémoriale : le mariage de raison n’est jamais complètement satisfaisant. Mais il dure. Tandis que le mariage d’amour, eh bien, il suffit de lire les statistiques pour constater ce qu’il en advient. Et alors, bonjour les dégâts : les pièces rapportées font de méchantes saignées dans le patrimoine familial et coûtent un bras en honoraires d’avocats. Finalement, la longue histoire de l’appariement, au sein de l’espèce humaine, confirme cette vérité intangible : le mariage d’amour est un luxe réservé aux pauvres.

L’Europe s’est autorisée quelques entorses à la règle et n’a pas fini de payer les pots cassés. Heureusement, elle a tenu quelques prétendants roturiers à distance, en leur imposant de prudentes fiançailles. Voyez la Hongrie, par exemple. Du temps où ce pays appartenait à l’empire soviétique, les Russes se défiaient des Hongrois qu’ils tenaient pour des romanichels sans loyauté. Des voleurs de poules incontrôlables. Aujourd’hui que la Hongrie est aussi décavée que les autres, l’Union tente de lui imposer une dot astronomique pour intégrer la famille de l’Eurozone et profiter de sa caution. Il semble bien que la Hongrie préfère razzier les poules chez elle que de se faire braconner par ses nobles voisins. Pas une once de loyauté à l’égard du code moral de l’Union, qui exige une tenue correcte face aux créanciers. L’insolence de la Hongrie n’est pas jolie jolie, et nos médias lui tombent dessus à bras raccourcis (elle serait gouvernée par des fachos voleurs de poules). Si bien que les autorités de l’Europe entendent rompre les fiançailles, sous l’approbation de la BCE, du FMI, de l’évêque de Cantorbéry et du raton laveur. Ainsi que de la Maison-Blanche, qui ajoute son grain de sel au goulasch alors que ce ne sont pas ses oignons : Budapest devrait-elle de l’argent à Wall Street ? Fasse le ciel que ce ne soit pas le cas. Car en ce moment, la diplomatie financière de l’Amérique se fait au son du canon.

La recette du jour

Dot et sentiments

Vos enfants sont affligés par la faiblesse de l’âge : ils croient dur comme fer au mariage d’amour. En attendant que les chimères se dissipent, soyez indulgent mais restez ferme : ne cédez que si le parti est richement doté. Dans le cas contraire et si la passion l’emporte, demandez l’arbitrage du FMI. Si cela ne suffit pas, un coup de fil à Obama : ses soldats viendront mettre la famille au pas.


Jean-Jacques Jugie