Municipales : le piège politique et sanitaire


Economie


16 mars 2020

Même si de nombreux maires « sortants » ont été réélus ce dimanche dès le premier tour, l’ambiance n’est pas à la fête dans les états majors des politiques où, comme au sein de la société civile, l’on se préoccupe surtout aujourd’hui de la progression de l’épidémie de coronavirus.

Au dessus de la tête de ceux qui n’ont pas réussi à passer l’obstacle au premier tour et se retrouvent en ballotage, plane le risque d’un report/ajournement/annulation de ces élections en raison d’une part d’une participation extrêmement faible due au Covid 19, mais surtout au pic épidémiologique encore à venir qui pourrait faire passer au second plan la tenue du deuxième tour.

On en saura davantage ce soir après l’allocution du chef de l’État. Il interviendra après une nouvelle réunion du « comité de défense » qui n’était pas encore prévue la veille, signe de la profondeur et de la brutalité de cette crise.

Bien sûr, les élus du premier tour l’ont été tout à fait légalement et l’on voit mal comment on pourrait maintenant leur dire « circulez, il faut recommencer ». Mais si le second tour devait être reporté sine die, plus sa date sera tardive (à l’automne par exemple) et plus la « représentativité » des premiers élus du 15 mars sera sujette à caution. La logique de nos institutions veut que nous votions « dans la foulée », à une semaine d’intervalle, pas à six mois d’écart.
Bouche en cœur et à l’unisson, les représentants des partis expliquaient dimanche soir qu’il aurait fallu reporter ces municipales. Mais nous avons peu entendu les mêmes les jours précédents, ou en tous cas ils étaient beaucoup moins catégoriques…

Le gouvernement, qui justifie sa décision du maintien du premier tour par un avis favorable du comité scientifique, a été pris de vitesse par cette épidémie qui court encore plus sûrement que la maladie d’amour. L’heure est suffisamment grave pour qu’une fois, une fois au moins, on ne fasse pas de la politique politicienne à deux francs six sous.

Parce ce que ce qui est en jeu, c’est la vie de milliers de personnes, et pas de triompher sur le thème de « on vous l’avait pourtant bien dit »…


Jean-Michel Chevalier