Compliments !


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2 mars 2012

On espère que vous n’avez pas oublié, hier, les conventions du calendrier : c’était la journée officielle des compliments. Le jour où votre secrétaire vous rappelle que vous devez distribuer des félicitations par brassées – toutes celles que vous avez pieusement conservées sous le coude toute l’année, pour ne pas tenter les bénéficiaires de vous réclamer une augmentation. Il convient en cette occasion de flatter tout le monde, même et surtout ceux qui mériteraient plutôt une engueulade quotidienne : c’est une convention, comprenez-vous. Comme les vœux du mois de janvier, les crêpes de la Chandeleur ou les petits cadeaux affectueux de la Saint-Valentin. Oubliez-les et vous dégusterez la soupe à la grimace au moins jusqu’à Noël prochain. Voilà ce qui risque d’arriver aux Bayonnais, qui ont accueilli dans le chahut et les quolibets un président-candidat venu les haranguer. Décidément, ces Basques ne manquent jamais une occasion de faire un pied-de-nez aux conventions. On peut les complimenter pour leur magnifique jambon, mais pas pour leurs vilaines façons.

Même si c’est avec un peu de retard, qu’il nous soit permis d’adresser nos chaleureuses félicitations à un petit pays, la Lituanie, qui se bat courageusement contre ses difficultés d’intendance. Ses citoyens font preuve d’une grande ingéniosité pour lutter contre l’adversité. Hier, par exemple, une jeune maman lituanienne a inventé un moyen d’épargner à la Sécu locale des dépenses inutiles d’analgésiques : elle est venue accoucher complètement caramélisée. Un taux d’alcool dans le sang qui eût terrassé le plus robuste des éléphants. Il en résulte que le nouveau-né est venu au monde avec une cuite carabinée, la première d’une probable litanie de futures beuveries : avec une telle éducation, le bambin est promis à une grande carrière dans la boisson. L’argument lituanien mériterait de figurer en bonne place dans le programme de campagne de nos candidats. Plutôt que de vouloir soumettre les professeurs à une discipline de bagnard, ou détrousser les riches contribuables par des impôts punitifs. Il suffirait de rendre éligible au remboursement de la Sécu l’abondante production française de vins et alcools. Une telle disposition absorberait nos excédents structurels et permettrait accessoirement de résoudre un grave problème de recrutement dans les hôpitaux : on manque cruellement de médecins-anesthésistes. Alors que le pays compte d’innombrables sommeliers inemployés. Avis à ses médecins : plutôt que d’être opéré sous Penthotal, le billettiste préfèrerait une anesthésie lituanienne au Pétrus 1945.

La recette du jour

Mutuelle millésimée

Vous avez prudemment souscrit une assurance mutuelle pour couvrir les coûts élevés d’une éventuelle hospitalisation. Mais notre système de santé est à la dérive et s’oriente vers la lituanisation des soins. Investissez plutôt dans les grands crus : vous ne survivrez probablement pas à une intervention chirurgicale, mais au moins aurez-vous subi une délicieuse anesthésie.


Jean-Jacques Jugie