L’astéroïde grec


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7 mars 2012

Deux nouvelles capitales, aujourd’hui. On commence par la bonne : la fin du monde n’aura pas lieu le 22 décembre prochain sous l’effet d’une panne définitive du calendrier maya. Vous pouvez donc conserver votre sapin pour le prochain Noël, au lieu de le brûler pour lutter contre le retour inopportun des frimas, et des coupures subséquentes d’électricité. Alléluia. La mauvaise, maintenant : la fin du monde pourrait avoir lieu le 15 février 2013. Enfin, ce n’est pas certain. Ni même probable. Mais c’est possible, si l’on en croit cette déclaration de la NASA rapportée par Mailonline : à cette date, un astéroïde de la taille d’une montagne viendra frôler notre planète à toute berzingue. Bon, d’accord, son passage devrait se faire à une distance de 28.000 km, assez loin pour ne pas décapiter la Tour Eiffel. Mais suffisamment près pour brouiller les communications, car le méchant projectile a prévu de traverser notre grande banlieue, au-dessous de l’orbite de la plupart des satellites géostationnaires. Il est donc prudent de passer ses coups de fil urgents avant le 15 février prochain. Et au pire de creuser un abri : si l’impact se produisait, il aurait le même effet qu’une bombe atomique. Saleté d’astéroïde.

On aurait pu penser que les marchés financiers ont été, hier, bouleversés par l’annonce sidérante d’un désordre sidéral. Au point de s’offrir une petite séance de pétoche vitaminée. En fait, il n’en est rien. Il semble que le monde de la finance redoute plutôt l’explosion de la bombe atomique grecque, que chacun faisait mine de croire désamorcée. Mais malgré la profusion de joujoux sophistiqués dans leur sac à malices, les démineurs de la dette ne sont pas encore parvenus à leur objectif : transformer les vessies helléniques en lanternes magiques. Il faut admettre que l’exercice est aussi délicat que celui, pour les chercheurs de la NASA, de réduire un Himalaya volant à la taille d’un innocent confetti. L’exercice est même plus épineux : selon toute probabilité, la bombe athénienne ne se contentera pas de frôler les marchés à une altitude de 28.000 km. Elle devrait passer beaucoup plus près de la casquette des créanciers. Et si notre calendrier d’astrophysique financière ne se trompe pas, il ne faudra pas attendre le 15 février prochain pour mesurer les dégâts. « Penitenziagite », ressasse le Quasimodo d’Umberto Eco dans Le Nom de la Rose. C’est-à-dire « repentez-vous  » en latin de cuisine. Dommage, on se sait comment le traduire en charabia grec : les Athéniens ne seront donc pas avertis qu’ils approchent à grands pas de la fin des temps anciens.

La recette du jour

Vision Panoramix

Vous avez été prévenu par la NASA que le ciel pourrait vous tomber sur la tête. N’y accordez pas plus de crédit qu’à la prophétie d’un druide gaulois. Mais ne négligez pas pour autant le signal, qui ressemble à une alerte métaphorique destinée aux initiés. Un astéroïde grec pourrait en effet tomber de l’Olympe et anéantir derechef l’essentiel de vos économies.


Jean-Jacques Jugie