L’oeuf du dinosaure


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20 avril 2012

Décidément, on ne cesse d’en apprendre sur les dinosaures. Non, Hollywood ne n’est pas fendu d’un nouveau péplum jurassique, le genre de spectacle qui terrorise les parents venus accompagner leurs mouflets. Il s’agit au contraire d’un article scientifique de la revue Biology Letters auquel se réfère le quotidien Le Temps. Ce n’est pas à proprement parler une thèse mais une conjecture sur la disparition de ces grosses bêtes. Oui, d’accord, on connaît l’histoire de la météorite du crétacé, ou des éruptions volcaniques d’enfer, qui auraient pollué l’atmosphère, ratiboisé la végétation et ainsi condamné ces gros mangeurs à l’inanition. Mais la vraie raison de l’extinction de toutes les espèces de dinosaures, selon ces chercheurs, c’est qu’elles étaient ovipares. Elles pondaient des œufs-potirons de 5-7 kg qui donneraient au final de jolis monstres de 130 tonnes. Pas mal. Mais les plus gros des dinos ayant été soudainement étouffés, les survivants malingres n’eurent pas le temps d’évoluer dans la catégorie poids lourds. Ils se sont ainsi fait dézinguer par les vivipares, qui attendaient la première occasion pour prendre leur revanche et se conformer à la théorie de l’évolution. Saleté de mammifères.

En quoi cette hypothèse nous apporte-t-elle une connaissance utile ? Certes, les gros bestiaux ont depuis longtemps disparu mais ils survivent dans une branche de l’espèce humaine spécialisée, dite gent politique. On voit bien qu’il y a péril en la demeure ; leurs œufs-programme sont devenus tellement rikiki qu’ils n’impressionnent plus le moindre moineau dans la prairie. Et surtout, le contexte général, ce que l’on appelle aujourd’hui la conjoncture, présente de redoutables similitudes avec le crétacé. Une période terrible de privations où seules purent survivre les espèces se nourrissant d’insectes et de matières en décomposition – vous voyez le genre. Il n’est donc pas impossible que les historiens du futur décriront notre époque comme une sorte de crétacé politique. Où privés de champagne et de beluga par une méchante météorite conjoncturelle, les derniers dinosaures furent évincés par une nouvelle espèce plus agressive et à l’estomac moins délicat. Va nous falloir relire Darwin pour tenter de se faire une idée des futurs caïds. Sans trop rêver : ce n’est pas parce qu’elle évolue qu’une espèce est meilleure que ses devancières. Mais elle est généralement plus dangereuse.

La recette du jour

Dynastie dans l’œuf

Vous êtes légitimement inquiet pour votre descendance dans un environnement marqué par les désordres climatiques et économiques. Surveillez la taille des œufs familiaux. S’ils font 5-7 kg, vos inquiétudes sont fondées : vous êtes un dinosaure de la catégorie politique, voué à l’extinction. Désolé. Repentez-vous et faites don de votre fortune aux bonnes œuvres.


Jean-Jacques Jugie