Les Bourses font un fromage


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24 avril 2012

Les Bourses du monde entier n’avaient pas la pêche, hier, c’est le moins que l’on puisse dire. Car une pluie de statistiques déprimantes est venue rafraîchir les espérances un peu naïves des investisseurs. Notamment, en Asie comme en Europe, la production continue de ralentir. Cela signifie que dans nos contrées, la récession devrait se poursuivre pendant un trimestre supplémentaire : les jeunes pousses de la reprise ont apparemment succombé aux récents frimas. Voilà qui ne va pas simplifier la vie des gestionnaires publics, déjà engagés dans une stratégie d’austérité politiquement coûteuse, et qui voient les recettes fiscales se réduire plus que proportionnellement aux économies budgétaires. Une véritable course à l’échalote.

Cette méchante réalité vient semer le doute quant au bien fondé de la méthode choisie par tous les Etats pour crédibiliser leur signature aux yeux des marchés. Elle est pourtant sans surprise : en dépensant moins et en prélevant davantage sur les citoyens, le pays freine nécessairement l’activité. Si le contraire est observé, on parle alors de phénomène paranormal, de miracle, ou plus prosaïquement d’erreur statistique. Car dans le monde réel, il est normal que l’eau cesse de couler lorsqu’on ferme le robinet. Voilà pourquoi les marchés n’avaient hier qu’un mot à la bouche : Hollande, Hollande ! La Hollande hollandaise, s’entend, pas le Hollande français, dont la pole position au scrutin était sans surprise, pour avoir été confirmée lors des essais. Mais aux Pays-Bas, royaume dont la vertu financière est sanctifiée par un Triple A, le Gouvernement vient de présenter sa démission. Face à l’impossibilité de dégager un consensus sur les réductions budgétaires à opérer pour complaire aux créanciers. La faction droitière de la coalition au pouvoir estime que la protection de l’euro et l’allégeance à Bruxelles ne valent pas les sacrifices exigés des Néerlandais. En d’autres termes, que l’appartenance à l’Eurozone ne constitue pas une fin en soi, et que la soumission aux ukases de la Commission ne saurait être une obligation. Qu’un « bon élève » de la classe européenne nourrisse ainsi des velléités sécessionnistes, voilà qui renforce les craintes sur la cohésion de l’Union et sur l’avenir de son rejeton : l’euro. Ce n’est donc pas sans bonnes raisons que les marchés font de la Hollande tout un fromage.

La recette du jour

Gestion batave

Vous avez la réputation d’être dur en affaires mais réglo dans votre business. Continuez d’être dur, c’est dans l’air du temps ; mais cessez d’être prévisible, c’est trop risqué. Annoncez que la droite ultra de votre Conseil d’administration a réussi un putsch. Et que les règles du jeu vont changer. Si la mayonnaise ne prend pas, virez votre Conseil. Et n’engagez que des ultras.


Jean-Jacques Jugie