Le don plébiscité


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26 avril 2012

Si vos parents sont assis sur un magot et que vous les trouvez un tantinet pingres à votre égard, il vous faut profiter de la fenêtre d’opportunité qui s’est ouverte avec l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Car le candidat socialiste a proposé une nette limitation de l’abattement applicable aux successions et aux donations. Ce pourquoi les antichambres notariales ne désemplissent pas depuis quelque temps, bien que la mesure en question ne soit pas de nature à bouleverser le régime des transmissions : selon les dernières statistiques connues, le patrimoine médian du Français s’élève à environ 150.000 euros. Et pour un ménage avec deux enfants, le projet hollandais ne rend le patrimoine taxable qu’au-delà de 400.000 euros. Finalement, le chiffon rouge n’aura servi, dans la plupart des cas, qu’à démontrer au pékin qu’il est trop pauvre pour mériter d’être davantage imposé. En définitive, ce projet de mesure est une façon pas très élégante de remuer le couteau dans la plaie.

En tout cas, l’effervescence confirme à quel point le sentiment général a évolué, à l’égard de la fiscalité. Quiconque n’est pas un perdreau de l’année se souvient de temps pas si anciens, où la transmission était beaucoup plus coûteuse, l’impôt sur les société à 50% et la dernière tranche de l’IR à… 72% ! Reconnaissons qu’à l’époque, les cagnottes en Suisse ont considérablement prospéré. Mais il semble que l’évasion fiscale se soit, depuis, largement poursuivie, alors que la taxation a été ramenée, chez nous, à des proportions raisonnables. Selon quoi le contribuable est un monument d’ingratitude. Autant annoncer clairement la couleur : quelle que soit l’issue du scrutin, les ponctions deviendront plus douloureuses et la chasse à la fraude devrait se faire à l’arme lourde. Voilà donc un argument de poids pour les enfants et petits-enfants impécunieux, à faire valoir auprès de leurs aînés dorés sur tranche : envoyez la monnaie si vous voulez éviter d’être trop imposés. Car il faut reconnaître cette particularité à l’espèce humaine : l’affection est une motivation importante pour les transferts patrimoniaux intergénérationnels, ce n’est pas douteux. Mais l’aversion pour l’impôt est un stimulus encore plus puissant à la générosité familiale…

La recette du jour

Cagnotte de papet

Vous avez connu des jours meilleurs et grand-père, qui vit comme un anachorète, dort sur un patrimoine d’armateur grec. Réveillez en lui ses ardeurs contre-révolutionnaires ; sonnez le tocsin ; invoquez Lénine, Mao et Fidel Castro. Si vous êtes convaincant, grand-papa vous accordera une donation généreuse. Et si vous êtes très convaincant, ses numéros de compte en Suisse.


Jean-Jacques Jugie