Nostradamus et le muguet


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2 mai 2012

Sans le 1er mai, que ferait-on du muguet ? Même pas du parfum, semble-t-il, car la distillation donne des rendements à ce point dérisoires que l’on préfère utiliser des molécules de synthèse. On pourrait en revanche en faire du poison. Car tout, dans le muguet, de la tige à la feuille et de la fleur au fruit, présente une toxicité élevée. C’était donc une drôle d’idée de la part de Charles IX de consacrer cette fleur comme porte-bonheur, alors qu’il n’avait que onze ans et que le Royaume était encore sous la régence de sa mère, Catherine de Médicis. L’histoire ne dit pas si Catherine prit part à une telle décision. Elle ne dit pas non plus si la Régente consulta pour l’occasion Michel de Nostredame, dit Nostradamus, qu’elle tenait en haute estime et qu’elle fit nommer médecin et conseil du roi quelques années plus tard. Sans que la santé de Charles en fût vraiment améliorée : de plus en plus anémié après le massacre de la Saint-Barthélemy, il n’avait pas atteint vingt-quatre ans quand il succomba à une pleurésie.

Que vient faire Nostradamus dans les célébrations du 1er mai ? Autant que l’on sache, ses Prophéties n’y font pas expressément référence, encore que le billettiste ne soit pas un spécialiste de la question. Mais les instituts de sondage, prophètes des temps modernes, ont comblé ce manque regrettable. Ipsos a livré hier à Reuters les résultats d’une consultation menée dans 22 pays, et à ce titre supposée refléter le sentiment de la Terre entière : près de 15% des populations estiment qu’ils connaîtront la fin du monde de leur vivant. Le calendrier maya, et son terme supposé au 21 décembre de cette année, ne sont pas étrangers à cette superstition. On notera toutefois que les Français, héritiers de Descartes, croient massivement à l’arrivée d’une période de vaches maigres, mais ne sont que 6% à redouter la fin du monde à brève échéance. Au contraire, les Turcs font jeu égal avec les Américains dans la terreur de l’apocalypse : 22% d’entre eux se préparent à vivre la fin des temps. Les Mayas eux-mêmes se montrent plus sereins : depuis qu’ils disposent chaque année du calendrier des Postes, ils font davantage confiance à leur facteur qu’aux prophéties yankees et aux turqueries sondagières. C’est ce que l’on appelle les avancées de la civilisation.

La recette du jour

Calendrier des affaires

Vous êtes à la recherche de bonnes affaires mais les opportunités deviennent de plus en plus rares. Ne désespérez pas. Vous pourrez bientôt acheter, à vil prix, 22% de la Turquie et des Etats-Unis. Les transactions devront être impérativement bouclées le 20 décembre avant minuit, le cachet de la poste faisant foi. Avec vos profits, vous donnerez une suite au calendrier maya.


Jean-Jacques Jugie