Yaourt : des vertus insoupçonnées


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9 mai 2012

Quel crédit peut-on accorder aux études scientifiques, lorsqu’il est question de thèmes aussi controversés que la diététique en général et le traitement de l’obésité en particulier ? Il ne se passe pas un mois sans qu’un nouveau régime alimentaire vienne prétendument révolutionner la connaissance acquise, avant que ses dommages collatéraux ne donnent du grain à moudre aux tribunaux. Certes, le classique régime crétois connaît toujours un succès mérité, mais il devrait être supplanté par le régime grec, radical contre la surcharge pondérale : une poignée d’olives au déjeuner et jeûne au dîner, pour pouvoir manifester plus léger. On peut compléter ce régime des anciennes recommandations de la Faculté, laquelle vantait autrefois les mérites de la graisse d’oie et les vertus des bordeaux contre les maladies cardiaques. Sans garantie, car en Aquitaine, tous les cardiologues ont au moins un vigneron dans la famille et un fournisseur attitré de foie gras. Ce qui peut influencer le jugement scientifique. Voilà pourquoi il est permis de s’interroger sur la stratégie des multinationales agroalimentaires : la firme Danone a-t-elle décidé d’investir massivement aux Etats-Unis ?

La question se pose car dans son numéro du mois de mai, le Scientific American Magazine fait état d’une découverte fracassante sur le yaourt (à la vanille) : administré à des souris dans une étude concernant l’obésité, ledit yaourt n’a pas seulement pour effet d’alléger les bestioles qui s’en nourrissent, par rapport à celles qui boulottent la nourriture traditionnelle des souris américaines (hamburger, pizza et soda). Gavées de yaourt, les souris deviennent plus séduisantes ; leur pelage plus soyeux et leurs yeux plus brillants. Plus sexy, en somme. Et les mâles ainsi nourris sont crédités d’une transformation radicale : un accroissement significatif de la taille de leurs testicules, allant de pair avec un appétit accru pour la bagatelle et une plus grande efficacité de leurs assauts reproducteurs : la descendance des souris yaourteuses est plus nombreuse que celle de leurs consœurs ordinaires. Il ne s’agit que des souris, on l’a compris. Mais les Américains s’intéressent énormément aux muridés quand il s’agit de libido et d’obésité. Voilà pourquoi, dans la gestion de son portefeuille de titres, on doit anticiper une hausse significative de la consommation de yaourts aux Etats-Unis et un surcroît d’importation de vanille de Madagascar.

La recette du jour

Lectures sulfureuses

Vous ferraillez sans cesse contre vos enfants adolescents, qui se nourrissent comme des Américains. C’est-à-dire n’importe comment. S’ils réclament soudain des yaourts à la vanille, soyez vigilant : ils ont dû lire le dernier Scientific American Magazine et s’intéressent surtout à leur libido. Pour prévenir tout débordement, parfumez vos yaourts au bromure de potassium.


Jean-Jacques Jugie