Le modèle teuton


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17 mai 2012

Il est admis depuis longtemps que la société américaine constitue un laboratoire avancé de ce que sera la nôtre, avec quelques années de décalage. Reconnaissons que nous avons beaucoup emprunté aux Yankees, sauf de l’argent. Et que nous avons copié des pans entiers de l’american way of life – pas nécessairement les plus reluisants, hélas. Mais tout cela relève du passé. Désormais, notre modèle social, c’est l’Allemagne. Le pays de la discipline et de l’organisation dans lequel, par exemple, les avions officiels ne sont jamais frappés par la foudre. Et s’ils le sont, par extraordinaire, ils n’en souffrent pas et les officiels non plus : le matériel et les élus allemands méritent leur réputation de fiabilité. Un peu chers, certes, mais durables. Encore que la durabilité ne s’applique pas aux ministres s’étant pris une défroquée lors des dernières élections régionales, comme Norbert Röttgen, futur ex-titulaire du portefeuille de l’Environnement.

Quant à la cherté ministérielle teutonne, elle doit être nuancée : cela fait maintenant douze ans que les salaires ont été gelés, tant au gouvernement que dans la vie civile. Au point qu’il apparaît désormais opportun de relâcher la pression de l’austérité, si la faction au pouvoir ne veut pas perdre la totalité de ses mandats. Afin de donner le bon exemple, les salaires ministériels seront remontés de 5.7%, par paliers successifs jusqu’à l’été 2013. Au même moment, notre pays prêche la rigueur budgétaire, la modération salariale et le partage du travail : 34 ministres dans le nouveau gouvernement, voilà un effectif suffisamment étoffé pour permettre à chaque membre du team de ne pas excéder les 35 heures hebdomadaires. C’est sympa. La France se cale donc sur le modèle allemand, avec douze ans de décalage. A moins que ne se ranime dans notre pays un travers maintes fois dénoncé : la tendance à revendiquer en même temps le beurre, l’argent du beurre et les faveurs de la fermière. Chez nous, on aimerait bien obtenir les mêmes résultats économiques que l’Allemagne. Mais sans devoir supporter les efforts et sacrifices préalables aux succès.

La recette du jour

Passeport franco-allemand

Vous avez depuis longtemps compris les vertus inimitables de l’Allemagne qui justifient ses succès économiques. Mais vous appréhendez la rigueur et la discipline qui les accompagnent. Demandez la double nationalité et adaptez-vous à la période du cycle qui sépare les deux pays. En déménageant tous les douze ans, vous obtiendrez le beurre et l’argent du beurre.


Jean-Jacques Jugie