La Bourse du CV


Blog


22 mai 2012

Mais oui, un bon CV favorise la carrière. Et en premier lieu, le niveau de la formation. Il ne s’agit pas de redorer le moral des jeunes qui préparent en ce moment leurs examens, et qui redoutent de se retrouver sur le carreau en dépit de leur collection de diplômes. Encore que cette éventualité soit possible, reconnaissons-le : la période présente se caractérise par une activité mollassonne et des perspectives plutôt médiocres. Rien qui soit de nature à encourager des recrutements massifs. Mais être dépourvu de diplômes constitue manifestement un handicap, même pour ceux qui ont déjà bien avancé dans leur carrière. Voyez par exemple en Italie : une faction politique était spécialisée dans la délivrance de diplômes (suisses) à ses cadres. Non pour leur permettre d’occuper un poste important, mais plutôt pour justifier le fait qu’un tel poste leur ait été attribué. Car l’absence de cursus n’est pas nécessairement un obstacle à la réussite individuelle, mais les autodidactes ne sont reconnus que s’ils ont créé leur propre entreprise. Voyez par exemple le staff de Yahoo récemment renouvelé, et plus récemment encore décapité : c’étaient de bons pros dotés d’une expérience reconnue, mais qui n’ont pu s’empêcher d’enjoliver leur CV. Par pure vanité.

De tous temps les diplômes ont fait l’objet d’une activité faussaire. Mais ils sont aujourd’hui sujets à un négoce lucratif, émanant de certaines institutions de formation, avec ou sans l’assentiment de leur direction. Le problème devient particulièrement aigu dans les pays en développement accéléré, qui affichent une pénurie de diplômés. Tel est le cas en Chine et le très officiel Quotidien du Peuple s’émeut des situations complexes qui en résultent. La seule bonne nouvelle est que le cours du vrai-faux diplôme reste dans des limites raisonnablement accessibles : 20.000 yuans pour être ingénieur (moins de 2.500 euros), c’est un tarif finalement très démocratique. Le revers de la médaille, c’est que les compétences revendiquées ne sont pas nécessairement au rendez-vous. Comme dans l’édition française du Quotidien du Peuple cité plus haut, qui a récemment recruté des traducteurs. On ne sait combien ces derniers ont payé leur diplôme, mais bon, sans vouloir critiquer, il y a encore de gros progrès à faire…

La recette du jour

Le prix d’une carrière

Vous avez compris que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt. Et qu’une bonne carrière commence à l’âge auquel les autres font encore leurs études. Economisez sur votre argent de poche et dès que possible, faites l’acquisition des diplômes qui vous tentent. Les écoles suisses sont assez coûteuses mais vous pouvez devenir ingénieur chinois pour le prix d’un scooter européen.


Jean-Jacques Jugie