Commissions à la carte


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25 mai 2012

Nul doute que les cartes bancaires apportent un service inappréciable à leurs utilisateurs, où qu’ils se trouvent dans le monde et quelle que soit la devise dans laquelle sont libellés leurs achats. Il n’y a guère que les paranoïaques pour en déplorer les effets secondaires : pouvoir être suivis à la trace grâce aux transactions par cartes. Mais n’importe qui peut aussi être localisé par son téléphone mobile, même sans l’utiliser, ou par les innombrables caméras qui jalonnent nos parcours quotidiens. Ce qui n’est encore rien : il n’est pas improbable que chaque bambin, dans un avenir proche, sera crédité d’une puce-GPS avec système audio-visuel intégré, ce qui devrait alléger le budget de baby-sitting. Mais on s’éloigne de notre propos : les cartes de paiement. Dont la généralisation a largement supplanté l’utilisation du chèque – qui va probablement disparaître du paysage. Du paysage français, à tout le moins.

Si l’usage de la carte est peu coûteux, voire gratuit pour son titulaire, il n’en est évidemment pas de même pour les commerçants. Dans la seule Union Européenne, ces derniers supporteraient aujourd’hui une ardoise annuelle de 25 milliards d’euros. Et dans ce montant s’inscrivent les « commissions multilatérales d’interchange » (CMI), qui font depuis 15 ans l’objet d’une bagarre judiciaire entre les commerçants et les réseaux d’exploitation de cartes bancaires. Lesdites CMI sont des frais facturés par la banque du détenteur de la carte à celle du commerçant fournisseur. Le Tribunal de l’Union européenne vient d’interdire ces CMI, qui avaient fait l’objet en 2008 d’un accord tarifaire avec la Commission, avant que le différend ne soit réglé. Cet accord devient logiquement caduc après la décision du Tribunal, qui fait toutefois l’objet d’appel. Qui supportera le manque à gagner qui en résulte ? MasterCard apporte une réponse cohérente : le consommateur, bien sûr. Maintenant que ce dernier est devenu accro à sa carte, la chose devrait devenir plus aisée. Cette approche rappelle la recommandation récente des économistes de l’OCDE, concernant l’orientation de la fiscalité française. Pour améliorer les recettes, ces experts préconisent de taxer davantage l’immobilier. Pourquoi un tel conseil ? La réponse est simple : il s’agit d’une ressource durable car les immeubles, par nature, ne peuvent s’expatrier. Si cette conception de la justice fiscale devait s’imposer, on finirait par regretter d’être Français. Et sédentaire, par-dessus le marché.

La recette du jour

Carriérisme nomade

A force d’être dans le vrai, dit l’adage, on finit par avoir raison. Vous avez toujours prétendu que des finances publiques en déficit constant finiraient par provoquer une forte hausse des impôts. Voilà pourquoi vous êtes devenu fonctionnaire international : votre fiscalité directe est douce, vos primes exonérées et grâce à votre logement de fonction, vous échappez au matraquage de l’immobilier. Bien vu.


Jean-Jacques Jugie