Cannes et cancans


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28 mai 2012

A voir votre coup de soleil sur le nez, on en déduit que vous avez préféré les gradins de Roland-Garros aux salles obscures de Cannes. La presse nationale semble ce matin regretter d’avoir dû faire le choix contraire, vu que cet insupportable Nanni Moretti a refusé de primer les films hexagonaux – heureusement que la viennoiserie victorieuse doit son succès, dit-on, à la performance de ses acteurs français : l’honneur est sauf. Mais notre chauvinisme inguérissable a été mieux lifté sur la terre pilée d’Auteuil, où nos couleurs ont été correctement défendues ce dimanche. Il ne s’agit que du premier tour, convenons-en, mais on aime que nos champions puissent continuer de participer, dans la pure tradition coubertienne d’un sport qui cultive le fair-play scrupuleux.

Au contraire, le fair-play ne semble pas être la préoccupation principale dans la conduite des affaires du monde. Si l’on en juge à la saillie offensive d’une Française, d’ordinaire célébrée pour ses platitudes de dimension galactique. Vous avez reconnu dame Lagarde, bien entendu, qui a cru bon d’accroître le capital d’antipathie dont est déjà crédité le FMI. En se hasardant à des propos désobligeants à l’égard des Grecs, coupables à ses yeux de négliger leurs obligations fiscales (ce qui, admettons-le, n’est pas totalement de la diffamation), et donc de mériter moins de compassion que les petits Nigérians privés d’éducation. Un raccourci un peu abrupt, de la part de la directrice d’une grande institution internationale. Mais à vouloir toujours figurer à la une des journaux, nos éminences en viennent à surjouer leur rôle. Au point de parvenir à se faire remarquer en dépit de la concurrence cumulée du Festival de Cannes, des Internationaux de France et du Grand Prix de Monaco. Dommage que pour l’occasion, il en ait résulté un concert de réprobation.

La recette du jour

Feux de la rampe

Vous êtes habitué aux feux de l’actualité. Acceptez toutefois que les médias puissent quelquefois s’intéresser à d’autres personnes que vous. Si vous dirigez un machin international, par exemple, n’essayez pas d’obtenir la palme cannoise avec un scénario de bastringue, ni un ace à Roland-Garros avec une raquette de badminton. Profitez plutôt de ces événements pour reposer vos contemporains.


Jean-Jacques Jugie