THC sans planer


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31 mai 2012

Cela fait déjà un bon bout de temps que les chercheurs israéliens s’intéressent aux propriétés médicales du tétrahydrocannabinol (THC), le principe actif du cannabis. Il faut dire que le chanvre indien appartient à la pharmacopée traditionnelle depuis l’Egypte ancienne, ce que ne cessent de répéter avec gourmandise ses adorateurs bien portants. Si donc nombre de propriétés du THC sont déjà connues et reconnues, les effets primaires et planants de la fumette sont également bien identifiés – ce qui justifie la prohibition dans notre pays. Eh bien, ces mêmes chercheurs sont parvenus à isoler les caractéristiques vertueuses de la molécule en éliminant ses propriétés psychotropes. Convenons-en, l’information ne présente aucun intérêt pour les adeptes de la fumette, qui continueront de préférer (illégalement) la matière première non retraitée. Mais la méthodologie des chimistes israéliens devrait intéresser au plus haut point les économistes européens.

On sait, par exemple, qu’une rigueur budgétaire scrupuleuse a pour effet secondaire de réduire l’activité du pays, voire d’entretenir la récession. Ainsi, l’orthodoxie gestionnaire d’un gouvernement permet de soigner l’inquiétude des créanciers, mais condamne la plupart des citoyens à la soupe populaire. Il serait donc particulièrement intéressant de pouvoir isoler la molécule de l’équilibre budgétaire, un champ de recherches que les hommes publics ont négligé depuis des décennies, si bien que les travaux ont pris un retard considérable. Ce serait pourtant sympa d’aboutir rapidement : on pourrait alors demander aux scientifiques israéliens de nous refiler la molécule du cannabis qui ne les intéresse pas – celle qui provoque les effets psychotropes. Car la science économique connaît parfaitement la méthode pour que les gens se serrent la ceinture. Mais elle ignore comment procéder pour que les populations acceptent l’ascèse sans broncher.

La recette du jour

Ordonnance de crise

Vous savez depuis l’Antiquité que la consommation régulière de vin est un bienfait pour la santé. Si elle est modérée, bien sûr. Passez les flacons de votre cave à l’alambic et vendez le distillat à prix d’or, comme médecine de jouvence. Conservez l’alcool que vous picolerez sans modération, puis fumez les étiquettes. Vous planerez au-dessus des embarras de la crise.


Jean-Jacques Jugie