A chacun sa banque


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7 juin 2012

Avec toutes ces banques, en Europe, qui font appel à l’Etat pour une transfusion urgente de fonds propres, le doute s’insinue logiquement sur l’état de santé du secteur en général. En fait, c’est plutôt la confirmation du secret de polichinelle : dans un monde qui croule sous la dette, on se demande bien comment les établissements de crédit pourraient être solides. Car ils sont en première ligne de l’insolvabilité systémique. Pas étonnant, en conséquence, que les gros déposants se fassent du mouron. Tout particulièrement les entreprises, dont les réserves de trésorerie sont généralement proportionnelles à leur volume d’affaires. Si bien que la garantie publique, en cas de faillite bancaire, ne couvrirait qu’une fraction symbolique de leurs dépôts.

Voilà pourquoi les multinationales sont de plus en plus nombreuses à créer leur propre banque, si elles n’en ont pas déjà une. Tel le consortium EADS, qui s’est publiquement ému des risques encourus par ses 11 milliards d’euros de placements financiers, au vu de la détérioration de la conjoncture bancaire. Et qui envisage en conséquence de se faire attribuer une licence. Ce qui n’est ni très simple, ni très bon marché : il faut cumuler des moyens significatifs. Une belle pincée de monnaie, d’abord, ce qui ne pose généralement pas de problème ; une expérience prouvée de banquier, ce qui n’est pas rare sur le marché. Et aussi un bon capital d’honorabilité, ce qui est un peu plus délicat à dénicher, vu que tous les honorables banquiers sont déjà en poste dans les banques honorables, vous l’avez compris. On ne peut que s’en réjouir. Car dans le cas contraire, les banques captives deviendraient tellement nombreuses que les établissements traditionnels se videraient de leur substance. Et deviendraient encore plus fragiles qu’aujourd’hui, même si la BCE leur attribuait 1.000 milliards de plus d’argent de poche. Il y a des jours où l’on est bien content de ne pas être directeur financier d’EADS…

La recette du jour

Eloge de la licence

La conjoncture se dégrade et vous craignez de voir disparaître vos fournisseurs habituels. Vous pouvez vous lancer dans l’horticulture et l’élevage pour vos besoins primaires et monter un atelier industriel pour fabriquer votre matériel. Mais ce sont beaucoup de tracas. Faites-vous plutôt attribuer une licence bancaire : vous fabriquerez sans peine l’argent dont vous aurez besoin.


Jean-Jacques Jugie