Pompes et personnalité


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20 juin 2012

La psychologie n’est pas une « science dure », tout le monde le sait. Les parents tordent le nez quand leurs mouflets prétendent s’inscrire dans cette discipline, et on ne peut pas leur en faire reproche. Aux parents, s’entend. Une preuve supplémentaire de la crédibilité mollassonne de ladite science vient d’être apportée par l’Université du Kansas, selon la narration du Monde. Les psychologues du lieu s’intéressent à un sujet assez mystérieux, reconnaissons-le : comment se forge la « première impression » ? Eh bien, mesdames et messieurs, il semblerait que vos chaussures constituent d’importants « indices non verbaux porteurs de messages symboliques », c’est-à-dire que vos pompes dénoncent vos traits de caractère plus efficacement qu’un scanner du cerveau. Car selon l’étude, rares sont les personnes qui songent à déguiser leurs pieds, à les chausser de façon à tromper les autres sur leur véritable personnalité.

On s’en doutait un peu : porter des charentaises avec un smoking, par exemple, dénote une certaine distraction. Ou l’abus de substances illicites. Mais enfin, le thème de l’étude américaine démontre surtout que les étudiants en psychologie du Kansas ne connaissent pas Jim Prideaux. Oui, on parle ici d’un personnage de fiction dans La Taupe de John le Carré. Souvenez-vous : envoyé en mission ultrasecrète par Control, le patron des Services secrets, il comprend immédiatement, en arrivant à Prague, qu’il a été trahi. Comment ? Ses multiples suiveurs changent d’apparence pour mieux le berner, mais ils conservent les mêmes chaussures aux pieds. Normal : dans les années 70’, le contre-espionnage tchèque ne faisait pas ses études au Kansas. Et de toutes façons, chacun de ses membres ne possédait qu’une seule paire de chaussures. Voilà qui explique, a postériori, le caractère aliénant de feu le système soviétique : la rareté des groles était un frein à la diversité psychologique. Et un atout de taille pour les espions occidentaux. Moralité : soyez prudent avec le look de vos pieds. Inutile de les chausser de baskets à chaînes, comme ceux d’Adidas qui font tant jaser : tout le monde sait déjà que vous êtes esclave de la consommation.

La recette du jour

Psychologie et éducation

Pas tout-à-fait bachelier et votre enfant prétend déjà faire des études de psycho. Ne vous fâchez pas. Essayez de le raisonner avant de le déshériter. Si vous ne parvenez pas à lui faire entendre raison, achetez-lui des baskets à chaînes et arrimez-le au radiateur. S’il persiste dans son délire, déportez-le en République tchèque : ça devrait le calmer.


Jean-Jacques Jugie