L’aura du sniper


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30 juillet 2012

Enfin une bonne nouvelle ce matin : la France s’enrichit. Ses prospecteurs palmés ont déniché l’or que les organisateurs des J.O avaient planqué dans les bassins londoniens. Encore un trésor qui échappe à la rapacité du père Cameron. Bien fait. Mais en dépit des apparences, ce n’est pas son aisance dans les marigots chlorés qui vaut à notre pays l’admiration craintive de ses contemporains, mais son excellence dans le canardage. Voilà peu, une éminente Parisienne décochait un tweet empoisonné qui émut la planète entière et faillit déclencher une émeute à La Rochelle ; hier, une Picarde baroudeuse terrassait ses adversaires d’une volée de plomb, obligeant les Anglais à lui remettre un écu d’argent. Eux ne vont pas s’en remettre, c’est certain. La France entière a donc légitimement salué la performance, à l’exception des Académiciens : il leur faut maintenant inventer un féminin à sniper. Et d’urgence, s’ils veulent prévenir le risque de se faire dégommer. Une snipeuse ? C’est trop moche. Une sniperesse ? Non, c’est ridicule. On propose aux Immortels d’adopter plutôt une allumeuse, terme que l’usage a consacré aux snipeuses de l’amour factice. Mais ne nous écartons pas de l’essentiel : la notoriété que confère les records olympiques ayant une fâcheuse tendance à susciter des vocations, on ne saurait trop recommander la prudence. Il faut d’urgence évacuer les fusils des râteliers, les pistolets de la cave à cigares et les couteaux des tiroirs de la cuisine. Ainsi que les téléphones cellulaires du sac de ces dames : « un accitweet est si vite arrivé », nous confiait l’autre jour un ami élyséen.

Ce n’est évidemment pas un hasard si les Jeux monopolisent l’attention d’une fraction considérable de la population mondiale. L’exploit sportif importe moins qu’une victoire politiquement correcte sur les autres pays, avec lancer de drapeau et canonnade de l’hymne national. Une métaphore de conflit armé, sans cadavres ni mauvaise conscience du vainqueur. On doit à un géopoliticien sorbonnard d’avoir développé, dans Le Monde, une intéressante synthèse de l’olympisme perçu comme substitut coubertien à la barbarie guerrière. Cette version désabusée de la magie vertueuse du sport n’a pas pris une ride. Et sa conclusion est tout-à-fait éclairante : les Jeux de Londres consacreraient l’emprise de la criminalité internationale organisée. Corruption, truquage, dopage et paris clandestins. Le reflet fidèle de la tournure qu’ont prises les guerres contemporaines dites « humanitaires » et visant à faire triompher « la démocratie ». Coubertin doit se retourner dans sa tombe, le pauvre.

La recette du jour

Education dynastique

Vous êtes fidèle aux traditions familiales : votre fils aîné sera aux affaires. Comme patron de presse, afin d’orchestrer les victoires du cadet qui ne sera pas militaire, mais sportif olympique : la discipline y est aussi éprouvante mais les risques mineurs. Le troisième sera bookmaker, afin de consolider le business familial. Votre dynastie est sauvée.


Jean-Jacques Jugie