Sea, sex and gun


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21 août 2012

La canicule continue de frapper. Non, n’ayez aucune crainte pour les nourrissons et les vieillards : les moyens déployés suffisent à climatiser tout risque de dessiccation. Ce sont plutôt les journalistes dont la plume s’enflamme au contact de la suspicion de luxure : en été, la principale préoccupation du pékin, qui rôtit stoïquement sur son lit de sable fin, c’est le sexe. Les hommes politiques en mal de notoriété profitent ainsi de l’aubaine : au lieu de débiter leurs platitudes habituelles, ils profèrent des âneries sexuellement transmissibles par les journalistes sevrés de sujets chauds et de sensations fortes. Voyez par exemple ce sénateur américain, un certain Todd Akin, bien connu de ses électeurs qui le reconduisent dans son fauteuil depuis des lustres. Il est un adversaire acharné de l’avortement, ce qui est son droit le plus strict. Mais en sa qualité de membre de la Commission des Sciences du Sénat, il défend ses positions avec des arguments scientifiquement contondants. Ainsi, « la grossesse après un viol est très rare ». Et savez-vous pourquoi ? Parce que lors d’un « véritable viol »(sic), « le corps de la femme essaie par tous les moyens de bloquer tout ça ». Voilà qui confirme que la machine humaine est vraiment sophistiquée. On en déduit que le moyen contraceptif le plus efficace, c’est le viol. Merci pour la consultation, Dr Akin.

Et puis il y a le cas Assange. Le cafteur qui a rendu publics des tas de documents classifiés « secrets » - à juste titre : les dépêches diplomatiques en cause dévoilent la vulgarité et l’analphabétisme des Excellences yankees, et leur goût obsessionnel pour les ragots de caniveau. L’Oncle Sam est donc légitimement furieux d’être ainsi ridiculisé. Ce pourquoi il tente de faire valider l’option horrifique d’un assaut de l’ambassade équatorienne à Londres, où Assange a trouvé asile pour échapper à l’extradition vers les USA, qui l’accusent d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Un délit traité là-bas avec la bienveillance judiciaire que l’on connaît. La violation de l’ambassade serait l’apostasie d’un principe sacré en droit international. Une vraie bombe atomique. Pourtant, les commentaires des grands médias se focalisent sur cette question : Assange peut-il « s’échapper » sans se faire harponner, dans le but de squeezer la justice suédoise qui veut l’entendre, en qualité de « témoin », dans une affaire de… viol ? Oh, pas un « véritable viol » au sens de M. Akin, puisque les défenderesses ont déclaré avoir été totalement consentantes. Leur corps n’a donc pas « bloqué tout ça » en mode automatique. Mais elles invoquent un désaccord sur un aspect technique de l’acte, dont on vous épargnera ici le détail. Bref, cette histoire d’alcôve est grossièrement cousue de fil blanc. En foi de quoi les quotidiens d’information s’honoreraient-ils en traitant le sujet autrement qu’en légitimant la traque rocambolesque d’un cyberactiviste du caleçon.

La recette du jour

Rage par diffamation

Le berger allemand de votre voisin vous casse les oreilles et fait peur à vos enfants. Ne l’accusez pas de la rage. Répandez plutôt la rumeur selon laquelle l’infâme clébard a tenté de violer votre caniche nain (un mâle, de surcroît). La CIA vous enverra un commando de kidnappeurs avant que Rex ait pu se planquer dans un chenil équatorien.


Jean-Jacques Jugie