Les vacances bonsaï


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24 août 2012

Combien, dites-vous ? Vous avez pris un mois complet de vacances ?! Eh bien, il est tout-à-fait normal que la reprise soit difficile, voire insupportable. C’est scientifiquement avéré et mathématiquement prouvé. Du reste, autant que vous connaissiez tout de suite la formule qui permet d’optimiser le temps de vacances et que, d’évidence, vous n’avez pas respectée : ((N(d) ?(d)-40)(r))/(?(b)((C(d)- ?(d) )N(d)-41/40 c) ) (41c.a)/ ?40 ?^2. D’accord : il n’est pas impossible que le journaliste du Dailymail se soit un peu emmêlé les pinceaux dans la transcription, d’autant que, dans son article, les variables sont insuffisamment renseignées. Mais bon, ce qui compte, c’est de savoir qu’il est irresponsable de partir en vacances au jugé, pour une durée pifométrique et à des distances invraisemblables. Les vacances sont une affaire sérieuse qui ont une vocation bien précise : dans notre société productiviste, elles servent au repos du travailleur. Si vous devez revenir crevé de vos congés, autant continuer à bosser.

Il résulte de l’étude que la perspective d’un farniente prolongé provoque déjà des dommages collatéraux avant le départ. Pour atténuer les effets de votre longue absence, vous mettez les bouchées doubles avant de boucler vos valises. Résultat : votre stress s’accroît dans des proportions alarmantes. Si bien que vous débutez vos vacances avec des siestes à répétition, sous le soleil brûlant, entre des séances d’apéritif interminables et des processions de mangeaille gargantuesque. Bref, tout le contraire des soins qu’il faudrait accorder au corps, que vous maltraitez le reste de l’année : vous n’avez donc aucune chance de revenir de congés apaisé et reposé. C’est malin. On doit à David Lewis, chercheur en psychologie à l’Université du Sussex, d’avoir élaboré la martingale gagnante, à la demande expresse d’une… chaîne hôtelière. Ainsi, sous la réserve expresse d’avoir fait Math Spé dans son jeune temps, chacun peut calculer la durée optimale de ses vacances. Encore qu’il soit inutile de dilapider son temps de repos à ferrailler contre l’équation : le résultat donne invariablement… 3 jours, à un chouïa près. Vous avez bien lu : TROIS jours de vacances, c’est ce qui se ferait de mieux pour un repos optimal. Ce David Lewis doit être le fils de Carl Lewis, celui qui prenait ses vacances en 9s 78 sur 100m (avec du supercarburant) ; ou le petit-fils de Jerry Lewis, le pitre burlesque qui n’amusait que lui. Car avec trois jours de vacances, autant que vous restiez chez vous à feignasser. Peut-être serez-vous reposé, mais on plaint sincèrement votre épouse et les enfants.

La recette du jour

La martingale de Crésus

La question du temps de travail vous a toujours passionné. Faites-vous subventionner par le Medef et inventez une équation aussi hermétique qu’une sourate coranique. D’où il ressortira que l’optimum individuel est atteint avec un jour de repos complet tous les six mois, lors des années bissextiles. Grâce à vos honoraires pharaoniques, mettez-vous en vacances à perpétuité.


Jean-Jacques Jugie