Compétition au super


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27 août 2012

Il ne fait pas de doute que le mouvement sportif doit beaucoup à Coubertin. Et que le sport a pris une place considérable dans le processus éducatif de presque tous les habitants de la planète. Sur le modèle de ce qui ce qui existait déjà en Angleterre et aux Etats-Unis, au temps de la jeunesse de Pierre de Fredy, baron de Coubertin. Seulement voilà : il devait carburer aux euphorisants humanistes, le Baron. Car en prenant pour exemple les British et les Yankees, il aurait dû comprendre tout de suite que dans la compétition, l’important n’est pas de participer, mais de gagner. Qu’ils soient individuels ou collectifs, les sports ont pris une telle place dans l’imaginaire collectif qu’ils génèrent un business formidable. Et donc les dommages collatéraux ordinaires de toute activité humaine : luttes d’influence, triche et corruption. L’univers sportif donne un reflet fidèle de la société tout entière, qui proclame des idéaux d’une pureté à fendre l’âme, et les défend avec des moyens de brigands de grand chemin. Mauvaise foi, duplicité et rouerie sont ainsi devenus les atouts indépassables de la réussite, dans un environnement dominé par les faux-semblants consensuels.

Le père Armstrong a conservé jusqu’au trépas la gloire de sa médaille. On veut parler de Niel, le compétiteur lunaire, dont certains ont quelquefois mis en cause la réalité de l’exploit. Mais son homonyme Lance, longtemps champion indétrônable des pelotons terrestres, vient d’être déchu de ses titres anciens sur accusation de dopage. Une sanction bien tardive pour un cycliste qui se propulsait à la vitesse d’une capsule Apollo et que tout le monde soupçonnait alors de recourir à des supercarburants plus puissants que ceux de ses adversaires. Sa dernière victoire du Tour de France remontant à 2005, on peut s’étonner de la lenteur du processus de contrôle. Qui disqualifie les juges plus que le prévenu. C’est sans doute que la mode est au ripolinage des réputations. Pour tenter de sauver l’image du sport cycliste, suspect d’être un tripot pharmaceutique depuis l’invention de la petite reine, on va conduire au bûcher une star démodée pour préserver l’aura de ses successeurs junkies. De la même façon, la Fédération internationale de foot vient de mobiliser sa commission d’éthique, afin d’étudier la licéité de l’attribution des coupes du monde à venir. Et de vérifier que les pots-de-vin n’ont pas été supérieurs à la norme habituelle. La Russie et le Qatar tremblent dans leurs chaussures à crampons. Heureusement, nous autres Français sommes plus prompts à la détente. Un décret vient de déchoir un célèbre compétiteur de la fouffe de son droit à arborer la Légion d’honneur. Vous avez reconnu John Galliano, qui se shootait au pur malt avant de proférer en public des injures racistes. En fait, son ivrognerie lui eût été volontiers pardonnée, mais il jactait également à jeun, et en privé. Intolérable.

La recette du jour

La fortune du sport

Vous rêvez de gloire et de fortune pour vos enfants. Ne les orientez pas vers le sport de compétition : les places sont chères et la carrière éphémère. Ne les poussez pas dans l’univers de la mode, exposé aux divagations alcooliques. Faites-en plutôt des pharmaciens de la performance physique ou des membres à vie des comités sportifs.


Jean-Jacques Jugie