Décote du label


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17 octobre 2012

Le label « agriculture biologique » garantit-il que le produit soit vraiment bio ? se demande ce matin Huffingtonpost. Bonne question. Dont la réponse n’est pas vraiment de nature à rassurer le pékin : entre les finasseries byzantines de la réglementation et le truandage pur et simple, la probabilité est non négligeable que les produits réputés bio soient bêtement « conventionnels ». Autant dire qu’il est imprudent de faire son marché sans la présence de son avocat, d’un laboratoire ambulant et d’un huissier pour constater les manquements éventuels. Est-ce grave, docteur ? Oui, pour qui est près de ses sous, le label ayant un coût non négligeable. En termes de santé, le préjudice est plus nuancé : selon des études récentes, la valeur nutritionnelle est la même dans les deux cas. Mais le bio permet, a priori, de s’exonérer de la dose d’herbicides, pesticides et autres antibiotiques que le « conventionnel » met gratuitement à la disposition du consommateur. Il faut en conséquence se demander si après des décennies d’absorption de toutes ces cochonneries chimiques, nous ne sommes pas complètement mithridatisés, immunisés en quelque sorte contre les dommages collatéraux qui pourraient en résulter. Si bien qu’un changement de régime pourrait s’avérer dangereux : qui peut prédire les conséquences d’une alimentation brutalement irréprochable, constituée de salades sans herbicides, de fruits sans pesticides et de côtes de veau sans antibiotiques ? On attend avec impatience les études circonstanciées que devraient bientôt produire les industriels de la chimie et de la pharmacie.

Le label écologiste garantit-il à son titulaire une moralité totalement bio ? Bonne question, devenue lancinante. Aucune étude n’a pourtant été engagée sur le sujet. Seuls la police, et bientôt les juges, commencent à s’en faire une petite idée. Sur des bases probablement erronées : qu’il soit rouge, vert, rose ou bleu horizon, tout élu du peuple dispose d’au moins 400.000 euros au coffre, au congélateur ou sous son matelas. Car les banques exigent maintenant des délais invraisemblables pour délivrer du cash à leurs clients, et les distributeurs automatiques vous lâchent à peine de quoi dîner au Fouquet’s. Non, les responsabilités d’un élu lui imposent de faire face à toute situation et donc de prendre ses dispositions. En foi de quoi devrait-on exiger une perquisition chez tous nos représentants : ceux qui ne pourraient justifier d’un magot en espèces seraient cloués au pilori et acculés à la démission. Car le problème est le même que celui des pesticides : nous sommes tellement habitués à voir nos éminences brasser des affaires qu’à les savoir sans le sou, nous risquerions une déception apoplectique. Et que l’on ne prétende pas sournoisement que ces biffetons pourraient servir au commerce prospère, mais toujours illicite, de l’herbe marocaine – royalement planante, paraît-il. En démocratie, les élus n’ont pas besoin de paradis artificiels : ils s’étourdissent de leurs propres discours psychédéliques. Ça ne coûte pas un kopek et nous sommes depuis longtemps mithridatisés contre les promesses hallucinatoires.

La recette du jour

Menu écologique

Vous êtes légitimement soucieux de la qualité de votre alimentation et redoutez que le bio français ne soit frelaté. Faites votre marché à Marrakech, où l’usage des herbicides est strictement prohibé. Réglez la facture par le compte en Suisse que Grand-père vous a discrètement légué. Vous aurez ainsi protégé votre santé et votre réputation.


Jean-Jacques Jugie