La Fed terrorisée


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18 octobre 2012

Pas étonnant que la production d’Hollywood faiblisse un peu : on dirait que les scénaristes ont été engagés en masse par les services fédéraux. Car une campagne présidentielle, aux Etats-Unis, constitue un show de grande envergure où l’on ne ménage pas les moyens, en dépit de la situation critique des finances publiques. Il y a d’abord les débats télévisés entre les prétendants, qui mobilisent une armée de conseillers, de coaches, de psychologues, d’humoristes, de documentalistes et de figurants. Pour un résultat qui excède rarement le niveau d’une coûteuse série B. Et puis il y a les événements opportuns que l’on peut soupçonner d’avoir été minutieusement programmés. Comme l’audition par le Tribunal militaire du cerveau des attentats du 11 septembre. Capturé en 2002, le supposé bras droit de feu Ben Laden a passé de longues années dans le secret d’une prison extraterritoriale, pour y être « interrogé » selon le code de l’Inquisition. Dix ans de détention d’autant plus surprenants que le prévenu a dès le départ revendiqué la responsabilité des faits. Et voilà qu’un mois avant le scrutin décisif, il apparaît aux Etats-Unis et, miracle de la justice yankee, il est autorisé à dire quelques mots en public. Un laïus bien provocateur, quoique tout-à-fait cohérent, qui réjouira les fanatiques islamistes et renforcera la conviction du pékin américain dans la nécessité de karchériser tout opposant déclaré à l’angélisme civilisateur de l’Oncle Sam.

Au même moment, grâce à l’excellence retrouvée de ses capacités, le FBI déjouait un attentat à la bombe projeté par un allumé originaire du Bangladesh. Contre la Banque fédérale, le Fed, qui constitue, reconnaissons-le, le symbole le plus éclatant de l’hégémonisme américain. Il apparaît dans cette affaire que le terroriste d’opérette avait recruté, pour lui fournir les explosifs, un… agent du FBI. On peut y voir la capacité remarquable de l’Agence à infiltrer les milieux hostiles. Mais on peut aussi s’étonner du timing de l’opération, qui tombe à pic pour redorer le blason d’un organisme qui a essuyé des torrents de critiques. Et pour victimiser la Fed, dont la politique monétaire hardie divise l’opinion autochtone, outre les critiques sévères qu’elle suscite dans bien des Etats du monde. L’adversaire le plus acharné de la Fed, le sénateur Ron Paul qui a un temps participé à la course pour l’investiture, synthétise les aspirations (contrastées) du mouvement Tea Party. Lequel sera déterminant dans le scrutin à venir. L’opinion américaine manifestant un réflexe pavlovien de solidarité à l’égard de ceux de ses membres qui sont agressés, on peut dire que le pétard en sucre du Bangladais arrange bien l’image ternie de l’Institut d’émission. Le hasard fait bien les choses…

La recette du jour

Réputation en soufflé

Votre réputation ne cesse de se ternir et vous craignez que l’on ne finisse par avoir votre peau. Inventez-vous un ennemi que vos concitoyens détestent plus que vous. Un métèque fanatique fera l’affaire. Arrangez-vous pour qu’il dépose une bombe en chocolat sur votre paillasson et faites-le embastiller. Vote cote devrait remonter.


Jean-Jacques Jugie