Faillite avec sursis


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13 novembre 2012

Bon, eh bien c’est encore raté. L’Eurogroupe d’hier n’est pas parvenu à boucler les modalités du « plan de sauvetage » de la Grèce. Bien que le pays ait satisfait, de façon formelle, les conditions qui lui étaient imposées : s’engager sur de nouvelles coupes budgétaires et de nouveaux impôts. Le Parlement grec a voté pour, la rue athénienne contre. Mais c’est la représentation politique qui vote la loi, alors basta. La Troïka a remis son rapport d’experts, jugé « fondamentalement positif ». Le dossier était donc complet pour que l’aide promise fût débloquée. Avec un verrou : l’Allemagne ne peut pas signer sans l’accord express de son propre Parlement. Telle est, à tout le moins, la version officielle de ce nouvel atermoiement. La version officieuse relève davantage des limites posées par la physique des fluides : on vient de se rendre compte qu’il est très difficile de remettre la pâte dentifrice dans le tube.

Devant l’évidence qu’Athènes serait dans l’impossibilité de tenir le calendrier initialement prévu, les créanciers étaient décidés à lui accorder un délai supplémentaire de deux ans pour réduire son endettement. Un « sursis » avant de devoir constater la faillite. Seulement voilà : time is money. Le report des échéances coûterait une bonne trentaine de milliards supplémentaires, qui alourdissent une addition déjà impossible à honorer. Depuis maintenant cinq ans que la crise grecque est ouverte, son prix ne cesse de prospérer et donc d’éloigner toute hypothèse raisonnable de solution. Laquelle est pourtant connue de tous : quand un débiteur est ruiné, il n’y a pas d’autre solution que de le constater. Et pour les créanciers de renoncer à leurs prétentions sur la fraction de la dette qui ne peut objectivement être amortie, sauf à provoquer le défaut sur la totalité des encours. Il semble bien que ce soit la voie vers laquelle on s’achemine avec la Grèce, pour avoir trop longtemps compté sur les vertus miraculeuses de l’ingénierie financière pour apporter une solution à la quadrature du cercle. La question qui est maintenant pendante n’est pas de savoir si une nouvelle restructuration de la dette athénienne aura lieu, mais si elle sera négociée ou subie par les créanciers. Au vu de la situation présente, on est plutôt tenté de croire à cette dernière option. Et à redouter que l’Europe ne vive un Noël aux tisons.

La recette du jour

L’or du pardon

Vous avez prêté beaucoup d’argent à un cousin éloigné qui ne peut pas vous rembourser. Inutile d’exiger de lui des sacrifices qui l’anéantiront définitivement et vous mettront davantage dans le pétrin. Offrez-lui plutôt l’opportunité de se refaire dans la dignité. Vous y gagnerez l’or de sa reconnaissance et la paix de votre âme.


Jean-Jacques Jugie