Sarkoïdose et grippe hollandaise


Blog


2 janvier 2013

Pour charmante et angélique qu’elle soit, la période des vœux ne doit pas nous faire oublier que les temps présents sont dangereux pour la santé. Voyez par exemple la sarcoïdose (quelquefois orthographiée sarkoïdose), une maladie inflammatoire relativement bénigne et plutôt démocratique (elle affecte indistinctement toutes les populations). La Faculté n’en a pas encore découvert le traitement approprié, faute d’avoir identifié les causes de cette affection à caractère chronique. Toutefois, en sa qualité de diagnosticien systémique, le billettiste peut avancer une thèse défendable : la sarkoïdose est la réaction inappropriée de l’organisme à un agent agresseur connu sous le nom de capitalisme financier. Bénin dans sa forme primitive, ce dernier devient très virulent lorsqu’il mute en virus malin, par concrétion de poncifs néolibéraux. Il suffirait alors d’isoler et d’éliminer les poncifs les plus niais pour rétablir le patient : une bonne perfusion d’intelligence et le tour est joué. Fastoche. D’ailleurs, la Nature est autrement plus perspicace que le sapiens : dans la plupart des cas, la sarcoïdose guérit toute seule. Merci docteur House.

L’ennui, c’est que la guérison spontanée peut faire apparaître immédiatement d’autres symptômes inquiétants. Ceux de la grippe hollandaise, naguère dénommée H1N1, qui affecte d’abord les poulets, puis ceux qui les élèvent, puis ceux qui encadrent les éleveurs, et enfin les propriétaires des poulaillers, communément appelés actionnaires. Bref, tout le monde finit par être infecté. Oui, d’accord, ça se soigne : on bricole le virus et on fabrique un vaccin. Mais à force de bidouillages téméraires, les laborantins de la grippe hollandaise ont fini par créer des super-virus plus dangereux encore que ceux qu’ils combattent. On ne connaît pas le moyen de les terrasser et la super-grippe ne guérit pas d’elle-même. C’est malin. Reconnaissons que le mal est méchamment complexe : il résulte de l’hybridation entre les niaiseries ci-dessus exposées et quelques poncifs social-démocrates supposés en être les antigènes, bien que tout aussi improbables. La maladie étant d’apparition récente, sa pathologie demeure embryonnaire. L’épidémie en gestation n’a même pas de nom. On est donc heureux de contribuer à l’avancée des sciences médico-sociales en proposant de la baptiser chienlit gaullienne. En hommage au grand vétérinaire, célèbre par son expertise des veaux en batterie, qui en avait prophétisé l’apparition. Merci Charles.

La recette du jour

Ordonnance antigrippe

Vous avez jusqu’à ce jour cru à la pertinence de votre mode de vie. Mais il vous a rendu malade et la médecine est impuissante. Vous connaissez les effets du mode de vie contraire : il ratatine ses adeptes. N’essayez surtout pas de marier les deux : les conséquences de l’hybridation sont inédites mais probablement monstrueuses. Effacez tout et réfléchissez à autre chose : le meilleur remède contre l’adversité, c’est encore l’intelligence.


Jean-Jacques Jugie