19 mai 2023
L’edito hebdo de Jean-Michel Chevalier
Alors qu’une partie des Alpes-Maritimes est déjà placée en « alerte renforcée » et le reste en alerte « simple », il est hélas prévisible que les arrêtés préfectoraux et les appels au civisme ne seront pas suffisants pour nous épargner un régime sec cet été. Parce que dans ce département la consommation agricole ne représente que 2 % du volume total, les efforts doivent surtout porter sur les particuliers, invités plus que jamais à se serrer la ceinture et à bien fermer les robinets.
Les regards se tournent vers les villas, davantage que vers les appartements, car les gazons (une hérésie en climat méditerranéen) et les piscines représentent un appel d’eau important et désormais insupportable dans une région déjà marquée par les restrictions. L’exemple de la commune de Caussols, au-dessus de Grasse, obligée l’an passé de distribuer des bouteilles d’eau à sa population faute de liquide au robinet risque de se multiplier.
Responsables de la police de l’eau, les maires ne peuvent pas tout et les efforts de chacun sont nécessaires pour passer les mois chauds. Après tout, un gazon peut bien griller en été (tant pis) et reverdir en automne (tant mieux)...
L’État va mobiliser partout en France les inspecteurs de l’environnement, de l’Office de la biodiversité et les cellules spécialisées de la gendarmerie. Ils seront plus spécialement chargés des « gros consommateurs ». Dans leur ligne de mire, les piscines non déclarées, les pompages sauvages dans les nappes phréatiques. Les maires, eux, devront plutôt veiller sur les particuliers pour éviter les « petits » arrosages intempestifs qui finissent par faire les grandes rivières de la sécheresse.
Tout le monde sur le pont !
La question qui se pose maintenant est de savoir si les amendes de cinquième catégorie (1 500 euros et 3 000 euros en cas de récidive) sanctionnant les « débordements » de consommation vont... pleuvoir cet été ? En tous cas, pour le maire de Châteauneuf près de Grasse, qui s’est fâché tout rouge contre quelques « gros » consommateurs dont Silvio Berlusconi, résident secondaire dans sa commune, elles ne servent à rien envers des personnes à la fois aussi riches et aussi peu civiques.
Incorrigible Charles Prats !
Le magistrat, récemment sanctionné pour des manquements à son devoir de réserve et des interventions tonitruantes dans la presse, a livré une tribune incendiaire au Figaro (09/05) dans laquelle il explose en plein vol le plan de lutte contre la fraude fiscale présenté en grandes pompes par Gabriel Attal. Pour ce juge spécialiste des affaires financières, « la montagne accouche d’une souris », ce plan n’étant pour lui qu’un « catalogue de mesurettes » dont beaucoup « existent déjà » alors que par exemple rien n’est dit sur la fraude à la TVA qui coûte selon lui 25 milliards par an à l’État.
Pas sûr qu’il parte en vacances avec le ministre des comptes publics...