Les bases de la sensibilité des coraux à l’acidification des océans révélées par une étude monégasque


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25 janvier 2013


L’acidification des océans perturbe la croissance des coraux constructeurs de récifs et jusqu’à
aujourd’hui la cause de cette sensibilité restait méconnue. Des chercheurs monégasques et
australiens ont résolu une partie de ce mystère.


Leurs résultats viennent d’être publiés dans la
prestigieuse revue des Compte-rendus de l’Académie Nationale des Sciences des États-Unis.

L’acidification des océans, qui se traduit notamment par une diminution du pH de l’eau de mer,
est provoquée par l’absorption dans les océans du gaz carbonique produit par les activités
humaines. Si les effets de ce processus sont d’ores et déjà constatés, de très nombreux
travaux suggèrent que l’acidification des océans sera une grande menace pour la vie marine
dans l’avenir, en particulier pour les organismes calcificateurs dont les coraux, qui forment la
structure de base des écosystèmes récifaux.

Une des questions qui restait cependant en suspens était, pourquoi les coraux sont-ils
sensibles à l’acidification ?
La nouvelle étude publiée dans la prestigieuse revue des Compte-rendus de l’Académie
Nationale des Sciences des États-Unis (PNAS) montre que l’acidification de l’eau de mer
ralentit la croissance du corail en bouleversant l’équilibre acido-basique au niveau du site de
formation du squelette.

C’est en en utilisant un concept innovant de « bio-imagerie » pour visualiser les changements
de pH dans les tissus de coraux vivants que les chercheurs ont pu obtenir pour la première
fois un aperçu de la physiologie acido-basique des coraux confrontés à une acidification de
l’eau de mer.

« Nous avons cultivé pendant plus d’un an des coraux dans des eaux de mer aux pH prévus
pour les décennies à venir »
, a déclaré Sylvie Tambutté, responsable de l’équipe qui a obtenu
au Centre Scientifique de Monaco les résultats.
« Puis nous avons étudié comment leur
équilibre acido-basique évoluait dans ces différentes conditions ».

Les premiers résultats ont été une surprise : dans une gamme de pH plus acides que le pH
actuel, les coraux ont montré une remarquable capacité à maintenir un pH supérieur à celui
de l’eau de mer au niveau du site de formation du squelette et un pH stable dans leurs
cellules, ce qui permet au corail de maintenir la croissance de son squelette.
Cependant dans
des conditions extrêmes d’acidification, la croissance du squelette a considérablement ralenti
en lien direct avec une diminution des capacités de régulation de l’équilibre acido-basique.

« Cette expérience montre une relation directe entre l’acidification des océans induite par
l’absorption du CO2 et la chute du pH au site de calcification »
, a déclaré Alexander Venn,
premier auteur de l’article.
« Il est primordial de savoir que les coraux doivent maintenir
l’équilibre acido-basique au site de calcification pour continuer à former des récifs coralliens
dans un futur océan riche en CO2 ».

Si cette étude, réalisée en laboratoire, montre une surprenante résistance des coraux à
l’acidification des océans, les chercheurs ne s’attendent pas à ce que les choses soient aussi
roses sur le récif.
Michael Holcomb, chercheur américain basé à Monaco ces dernières
années et travaillant aujourd’hui au Centre d’Excellence australien sur l’étude des récifs
coralliens, a souligné : « Pour vraiment prédire ce qui va se passer dans l’avenir, nous devons
considérer que les coraux seront soumis dans les conditions naturelles à de nombreux
facteurs de stress supplémentaires dont l’augmentation de la température de l’eau de mer, qui
affaiblira leurs capacités de résistance. Nous devons aussi travailler avec des espèces
potentiellement moins résistantes pour voir comment elles vont faire face ».

Cette étude a été financée par le Gouvernement de la Principauté de Monaco.


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