L’Histoire sous ADN


Blog


5 février 2013

Ah, les archives, c’est un vrai casse-tête. Heureusement, la numérisation est venue économiser les villes entières de rayonnages que nécessite le stockage documentaire. Il n’empêche que le numérique exige lui-aussi de l’espace physique pour empiler les flots continus d’informations que nous jugeons, à tort ou à raison, nécessaire de conserver pour la postérité. Le temps finit également par les détériorer comme un vulgaire papyrus, et les nouvelles technologies de lecture les rendent rapidement indéchiffrables. Mais notre espèce est ingénieuse et vient de découvrir le moyen de stocker une infinité de données pour l’éternité. Dans l’ADN, figurez-vous : un petit brin suffit à emmagasiner plus d’informations qu’un container de disques durs. Alors, faites le calcul : s’il était déplié, l’ADN d’un seul individu couvrirait mille fois la distance de la Terre au Soleil. Un seul pékin permettrait de constituer une bibliothèque universelle transmissible à sa descendance. Vous pouvez vendre vos actions Google, Amazon et Facebook.

Grâce aux qualités remarquables de l’ADN, les scientifiques viennent d’identifier le squelette planqué sous un parking de Leicester : c’était bien Richard III, le dernier des Plantagenets. Qui se fit occire par Henri Tudor lors de la bataille de Bosworth, laquelle mit un terme définitif à la guerre des Deux-Roses. Dommage de Richard n’ait pas planqué dans son ADN une compil des journaux télévisés de l’époque. Car il a laissé à la postérité une réputation exécrable, étant soupçonné d’avoir fait assassiner ses neveux prétendants au trône. Ce que l’Histoire n’a jamais pu démontrer. Ni infirmer, reconnaissons-le. Seulement voilà : Shakespeare a fait de son Richard III un sale type dans la vie courante et un couard sur le champ de bataille – prêt à échanger son royaume pour un cheval. Sauf que la pièce a été écrite et jouée pendant le règne d’Elisabeth, la plus éminente représentante de la dynastie des Tudor – et la dernière, du reste. Il est donc permis de le suspecter d’une certaine complaisance à l’égard du pouvoir en place. Ce qui pourrait expliquer en tout cas un phénomène incompréhensible aux yeux des historiens : la nomination de Willy à la présidence du CSA, moyennant un traitement princier. Pas besoin du carbone 14 pour en tirer des conclusions.

La recette du jour

Mémoire sous clé

Vous êtes excédé par le flot de paperasse que vous devez stocker et la quantité d’informations que vous devez mémoriser. Faites-vous greffer une clé USB à l’annulaire et engrangez le tout sur votre ADN. Quand on retrouvera votre squelette dans quelques siècles, chacun pourra découvrir quel personnage exceptionnel vous avez été.


Jean-Jacques Jugie