Les foudres vaticanes


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12 février 2013

Nous vivons des temps bien périlleux. Pas vraiment à cause des caprices climatiques, encore que la nuit dernière nous ait offert un événement exceptionnel pour la saison, dans lequel d’aucuns verront un signe prophétique : la foudre a frappé la Basilique Saint-Pierre, le jour même où le Pape annonçait sa « démission », ravivant ainsi d’épineuses questions doctrinales que le droit canon avait pieusement ignorées depuis six siècles. A moins que cet orage ciblé ne témoigne des foudres vaticanes après les propos polémiques du cardinal français Mgr Vingt-Trois : « il faut que le prochain Pape ne se prenne pas pour le Bon Dieu » a-t-il déclaré, laissant ainsi planer le doute sur l’orthodoxie théologique du Pape en exercice. Et d’ajouter hardiment que le successeur « doit être malin » : se voulant spirituelle, la saillie est plutôt sulfureuse dans la bouche d’un monsignore. Mais enfin, au moins Benoît XVI aura-t-il échappé à la fin dramatique que lui promettaient les rumeurs d’attentat contre sa personne, relayées par les exégètes de l’Apocalypse de Jean.

En revanche, nul ne sait ce qu’il adviendra de l’euro, qui trône sur le Royaume européen pour une promesse d’éternité. Car les ayatollahs de Berlin, représentés par les ingénieurs de la bourse des dérivés Eurex, viennent de lancer un nouveau contrat sur la tête de la dette française. Après celui qu’ils avaient déjà émis en pleine campagne présidentielle, pour satisfaire aux instincts sanguinaires des sicaires de la finance. Voilà qui va finir par ressembler à une fatwa contre la « maison France ». Même si ses auteurs revendiquent la pureté de leurs intentions : l’objectif serait d’apporter de la liquidité au marché des emprunts d’Etat de maturité 5 ans. Et non de liquider la signature de la fille aînée de l’Eglise. Mais il en va de ces contrats comme des armes de destruction massive : à force de les multiplier, ils finissent par provoquer les dégâts irréparables pour lesquels ils ont été conçus.

La recette du jour

Défaite sans péril

Vous occupez un fauteuil enviable et une meute de prétendants au trône vient vous taquiner les mollets. Les temps sont cruels : si vous choisissez le combat, vous serez le premier à être liquidé. Optez pour une reddition honorable et une retraite à l’abri des conspirations. Et laissez les jeunes loups se déchirer à belles dents.


Jean-Jacques Jugie