21 novembre 2023
Le porte-hélicoptères amphibie (PHA) Tonnerre et les détachements interarmées qu’il embarquait sont revenus à Toulon après leur participation à l’exercice européen MILEX 23.
Cet événement a regroupé 9 nations et près de 2 800 militaires, dans le cadre d’un scénario de gestion de crise. Une étape importante de l’agenda de la Boussole Stratégique Européenne a ainsi été réalisée lors de cette séquence.
MILEX 23 représente un entraînement européen inédit par son ampleur et les moyens déployés en mer et sur le terrain. Il a permis d’accroître les capacités de planification et de conduite d’une opération militaire en autonomie. L’exercice s’est divisé en deux phases. Tout d’abord, une phase de planification opérationnelle d’une durée de trois semaines (Command Post Exercise), puis, une phase de conduite tactique (LIVEX) d’une semaine à proximité de Rota, en Espagne.
Côté français, l’Amphibious Task Group (ATG), constitué autour du PHA Tonnerre, avait quitté Toulon le 9 octobre pour rejoindre la zone de l’exercice. Il comptait près de 600 militaires et intégrait notamment le chasseur de mines tripartites Croix du Sud et une force de réaction embarquée (FRE) constituée d’un sous-groupement tactique embarqué du régiment d’infanterie-chars de marine (RICM) et d’autres unités de la 9ème brigade d’infanterie de marine.
Cet engagement représentait 55 véhicules, soit six chars AMX10-RC, une vingtaine de véhicules légers, et six véhicules blindés dont deux Griffons. Par ailleurs, un détachement de la flottille amphibie avec un engin de débarquement amphibie rapide (EDAR), deux chalands de transport de matériel (CTM) et une équipe de reconnaissance de plage (ERP) et une section de fusiliers marins du BFM Détroyat avec une équipe cynotechnique étaient également sur place. Enfin, la manœuvre a inclus un détachement de six hélicoptères (trois Gazelles, deux Cougars de l’aviation légère de l’armée de Terre et un Puma de l’armée de l’Air et de l’Espace).
Construit avec l’objectif d’une montée en puissance sur toute la semaine, cet exercice a permis de renforcer l’interopérabilité entre les participants et d’éprouver les procédures.
L’ATG français a d’abord profité d’une journée en amont de l’exercice, le 12 octobre, pour finaliser la bonne intégration de l’ensemble de ses unités, fraîchement agrégées. Profitant de conditions météorologiques propices, il a réalisé un entraînement de débarquement incluant une séquence complète sur la plage d’El Retin. Ainsi, des forces du PHA ont été projetées vers la terre : une section de fusiliers marins (SFM) par hélicoptère Puma pour sécuriser la plage, une ERP en zodiac, un peloton de reconnaissance, d’intervention et d’investigation (PRI) par hélicoptère Cougar puis le groupement tactique embarqué (GTE) et ses véhicules à bord des engins de la flottille amphibie.
Une section de fusiliers espagnols a enfin été embarquée lors de l’escale du bâtiment à Rota au cours du week-end qui a précédé le début d’exercice.
Ensuite, le LIVEX, nom donné à la seconde phase de déploiement tactique, a débuté le 16 octobre, après une dernière réunion de coordination à Rota sur le porte-aéronefs espagnol Juan Carlos I, bâtiment accueillant le commandant pour l’ensemble des moyens en mer et à terre. Le PHA français a pris part à la manœuvre globale européenne pour un assaut amphibie avec la projection en zodiac d’une section de fusiliers marins pour reconnaître et sécuriser la plage de Chorillo appuyé par un hélicoptère Gazelle, déploiement de la batellerie amphibie chargée des véhicules et soldats français et espagnols, raids des fusiliers marins en hélicoptère Puma pour mener des infiltrations à terre.
Malgré des conditions climatiques difficiles, l’exercice s’est poursuivi le lendemain (17 octobre), en présence du Haut Représentant de l’Union européenne, Joseph Borell Fontelles, sur la thématique du recueil de renseignement et du déploiement de forces avancées.
Ainsi, un groupe spécialisé de fusiliers marins a été mis à terre dans la nuit pour réaliser une marche d’infiltration et récolter des informations indispensables au débarquement des troupes. Dans le même temps, une démonstration de force dissuasive a été réalisée sur la plage de Chorillo avec l’emploi de moyens nautiques et aériens.
Le lendemain (mercredi 18 octobre), l’équipe de reconnaissance était relevée par deux sections au moyen d’hélicoptères Cougar. Ce dispositif a été fictivement pris d’assaut par des drones larguant des charges explosives, causant ainsi d’importants dommages à la section française, remplacée dans la nuit par une seconde section issue du GTE. L’objectif de cette phase visait à faire face à de nouvelles menaces, plus agiles, et de tester les capacités de résilience et d’adaptation des unités.
Enfin le 19 octobre, dernier jour de participation du Tonnerre à l’exercice, a été marqué par l’entrée d’un nouveau régiment sur le théâtre de l’exercice pour sécuriser la zone littorale. Le 1er régiment étranger de génie (1er REG), composé de plus de 300 hommes, a intégré le groupement tactique interarmées espagnol. Les soldats du 1er REG ont pu perfectionner leurs procédures d’appui à la mobilité aux côtés du bataillon Albuera, du 49ème régiment d’infanterie de Tenerife et d’autres unités de différents pays européens.
MILEX 23 marque une avancée vers le développement d’une capacité de déploiement rapide en Europe mais également au-delà de ses frontières. Cet exercice constitue une nouvelle étape dans la capacité de l’UE à affronter les crises et menaces actuelles et marque une étape importante dans l’agenda de la Boussole Stratégique Européenne qui vise une capacité de déploiement de 5 000 hommes.
La participation de 9 nations à ce premier exercice exclusivement sous commandement UE souligne la dynamique d’élaboration d’une culture stratégique commune. D’autres exercices LIVEX sont prévus dans les prochaines années par l’UE avec pour objectif de maintenir la capacité à protéger ses citoyens et contribuer à la sécurité mondiale.